Iran. Amnesty International et des instances syndicales internationales condamnent les mesures répressives prises contre le syndicaliste Mahmoud Salehi

Déclaration publique

MDE 13/052/2008

Amnesty International, la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) demandent aux autorités iraniennes de libérer immédiatement et sans condition Mahmoud Salehi, ancien dirigeant du Syndicat des boulangers de Saqqez, qui été incarcéré en 2007 pour avoir mené des activités syndicales légitimes.

Mahmoud Salehi, qui a des problèmes de santé chroniques graves, fait actuellement une grève de la faim totale, et son état de santé suscite une vive inquiétude. Il a commencé à jeûner après avoir été convoqué pour être interrogé le 17 mars 2008 par la Branche nº4 du tribunal de Sanandaj, qui l’a informé, à l’issue d’une longue attente, qu’il faisait l’objet d’un nouveau chef d’accusation.

Il aurait été accusé d’avoir « communiqué avec des personnes à l’extérieur de la prison pour transmettre des messages de solidarité » à d’autres prisonniers en grève de la faim et à des étudiants visés par des mandats d’arrêt. Ce nouveau chef d’accusation semble avoir pour objectif de justifier le maintien en détention de Mahmoud Salehi au-delà du 23 mars 2008, date à laquelle il devrait être libéré après avoir purgé une peine d’emprisonnement d’un an. Amnesty International, la CSI et l’ITF craignent que ce nouveau chef d’accusation à l’encontre de Mahmoud Salehi ne soit une réaction à la mobilisation internationale du 6 mars 2008 à laquelle ont pris part des membres de syndicats et d’Amnesty International pour demander la libération de cet homme et du syndicaliste Mansour Osanlu (ou Osanloo).

Ancien président du Syndicat des boulangers de Saqqez, Mahmoud Salehi a été arrêté à la suite d’un rassemblement pacifique organisé pour la fête du Travail, le 1er mai 2004. Il a été incarcéré pour« agissements contre la sûreté de l’État » le 11 mars 2007, à l’issue de la dernière audience en appel, et a commencé à purger le 9 avril 2007 une peine d’emprisonnement d’un an, assortie d’une peine d’emprisonnement de trois ans avec sursis.

Mahmoud Salehi est un prisonnier d’opinion, et il est atteint d’un problème de santé chronique. En mai 2007, son médecin a demandé qu’il soit autorisé à sortir de prison pour recevoir des soins spécialisés, mais sa demande a été ignorée. Mahmoud Salehi a besoin de subir des dialyses en raison d’une pathologie rénale. Il souffrirait également de troubles cardiaques. En décembre 2007, des symptômes d’œdème intestinal pouvant avoir un lien avec son affection rénale ont été signalés. Son état de santé est préoccupant ; il aurait perdu connaissance à plusieurs reprises dans sa cellule en raison de problèmes de tension artérielle.

« Il est déplorable que Mahmoud Salehi ait été incarcéré pour avoir pris part à un défilé du 1er Mai, manifestation de solidarité ouvrière qui devrait être une cause de célébration plutôt que de répression », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

Amnesty International, la CSI et l’ITF exhortent les autorités iraniennes à libérer immédiatement et sans condition Mahmoud Salehi et Mansour Osanlu et à veiller à ce que Mahmoud Salehi puisse recevoir de toute urgence les soins médicaux spécialisés dont il a besoin.

« Il semble que les autorités iraniennes veuillent réduire Mahmoud Salehi au silence à l’approche des manifestations du 1er Mai de cette année, a déclaré David Cockroft, de l’ITF. Quand bien même elles parviendraient à ce qu’il reste derrière les barreaux, elles ne pourront pas réduire au silence les centaines de milliers de défenseurs des droits humains et de syndicalistes qui demandent le respect des droits fondamentaux du travail en Iran. Les trois organisations continueront à œuvrer sans relâche aux côtés du mouvement syndical iranien indépendant pour obtenir le respect des droits humains des travailleurs en Iran. »

Complément d’information

En novembre 2005, Mahmoud Salehi a été condamné à cinq années d’emprisonnement et à trois ans d’exil intérieur à Qorveh, dans la province du Kurdistan. Au cours de son procès, le procureur aurait invoqué ses activités syndicales en tant qu’éléments à charge, et fait état d’une réunion qu’il avait eue avec des responsables de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) – devenue aujourd’hui la Confédération syndicale internationale – en avril 2004, juste avant les manifestations du 1er Mai. Sa condamnation avait été annulée en appel mais, à l’issue d’un nouveau procès, Mahmoud Salehi a été condamné le 11 novembre 2006 à une peine de quatre ans d’emprisonnement pour « conspiration en vue de commettre des crimes contre la sûreté de l’État ». Il est resté libre jusqu’à l’audience en appel du 11 mars 2007, lors de laquelle sa peine a été réduite à trois ans de prison avec sursis et un an de prison ferme, qu’il a commencé à purger le 9 avril 2007.

Amnesty International œuvre conjointement avec la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) pour obtenir la libération de Mahmoud Salehi et de son compagnon syndicaliste Mansour Osanlu, dirigeant du syndicat des travailleurs de la compagnie d’autobus de Téhéran, et pour promouvoir les droits du travail en Iran.

FIN

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