Iran. Criminalisation de la liberté d’expression

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
29 octobre 2009

Amnesty International appelle l’ayatollah Ali Khamenei à revenir immédiatement sur sa déclaration de mercredi dans laquelle il a indiqué que le fait de critiquer les résultats de l’élection présidentielle du mois de juin était un crime.

Les propos du guide suprême, tenus dans le cadre d’une rencontre entre l’ayatollah Ali Khamenei et des scientifiques à Téhéran, ont été relayés par la télévision d’État iranienne.

« La déclaration de l’ayatollah vise à criminaliser l’expression pacifique et légitime d’un désaccord ou d’une insatisfaction au sujet du processus politique », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités iraniennes font face aux conséquences des élections en continuant de commettre des violations des droits fondamentaux encore et encore. Elles tentent de museler la population et de la réduire au silence. »

Les résultats officiels de l’élection du 12 juin ont été largement contestés et des manifestations massives ont eu lieu dans tout le pays. De très nombreuses personnes ont été tuées par les tristement célèbres bassidji (miliciens volontaires) et par les forces de gouvernementales ; des milliers d’autres ont été placées en détention – un grand nombre d’entre elles auraient été soumises à des mauvais traitements ou à la torture – ; et des dizaines de personnes, si ce n’est des centaines, ont été envoyées devant les tribunaux. Amnesty International a dénoncé ces « procès pour l’exemple », déclarant qu’ils ne sont qu’une parodie de justice.

« Toutes les personnes qui sont détenues uniquement parce qu’elles ont exprimé pourtant pacifiquement leur opinion au sujet des élections devraient être libérées immédiatement et sans condition, et les détenus devraient tous être protégés contre la torture et des autres formes de mauvais traitements. »

Amnesty International exhorte les autorités iraniennes à annuler la peine de quatre ans d’emprisonnement prononcée, semble-t-il, contre un employé de l’ambassade britannique.

Hossein Rassam, analyste politique à l’ambassade du Royaume-Uni à Téhéran, a été arrêté en même temps que huit autres employés iraniens de l’ambassade qui ont tous été relâchés par la suite ; il a été accusé d’avoir « fomenté des troubles » à la suite de l’élection présidentielle du mois de juin.

Son avocat n’a toujours pas été officiellement informé du verdict, mais si cette peine est confirmée, il aura le droit de se pourvoir en appel.

Le cas de Hossein Rassam n’est qu’un exemple parmi tant d’autres ; de nombreuses personnes ont en effet vu leurs droits bafoués : au moins 20 et peut-être jusqu’à 60 condamnations ont été prononcées en rapport avec ces troubles, parmi lesquelles au moins quatre peines de mort.

«  Les autorités iraniennes doivent annuler toutes les condamnations qui ont été prononcées à l’issue de "procès pour l’exemple" manifestement iniques. S’il devait être emprisonné, Hossein Rassam deviendrait un prisonnier d’opinion, au même titre que les journalistes Ali Reza Eshraghi et Masoud Bastani, récemment condamnés à des peines de cinq ans et demi et six ans d’emprisonnement respectivement », a souligné Malcolm Smart.

Dans une autre affaire, les autorités judiciaires refusent apparemment d’autoriser l’avocat du sociologue irano-américain Kian Tajbakhsh – condamné à quinze ans de prison pour une tentative présumée de renversement du gouvernement iranien – à faire appel de cette sentence.

La journaliste Fariba Pajouh a commencé il y a environ quatre jours une grève de la faim afin de protester contre son maintien en détention. Elle est détenue sans inculpation ni jugement depuis au moins deux mois. La journaliste Hengameh Shahidi a elle aussi entamé une grève de la faim, depuis ce mardi 27 octobre.

Ahmad Zeidabadi, journaliste partisan du mouvement réformateur et président d’une association de diplômés iraniens qui fait activement campagne pour que les droits humains soient davantage respectés en Iran, a été maintenu en détention à l’isolement pendant quarante-cinq jours ; pendant cette période il n’a pu avoir aucun contact avec sa famille. Ce n’est qu’hier qu’il a enfin été autorisé à avoir une conversation téléphonique de deux minutes avec sa femme. En août, cette dernière avait signalé que les autorités tentaient de le briser en le laissant enfermé dans un espace exigu semblable à une tombe.

Les autorités iraniennes devraient également garantir un procès équitable pour toutes les personnes détenues pour des infractions prévues par la loi.

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