Index AI : MDE 13/015/2006
DÉCLARATION PUBLIQUE
Amnesty International essaie d’obtenir de toute urgence du gouvernement iranien des clarifications sur la journaliste Elham Afroutan détenue au secret depuis le 29 janvier 2006 ; selon des informations non confirmées, la journaliste iranienne pourrait être tombée dans le coma ou morte en détention. L’organisation est extrêmement préoccupée par la sécurité d’Elham Afroutan.
Elham Afroutan a été arrêtée le 29 janvier 2006, en même temps que plusieurs autres journalistes travaillant pour l’hebdomadaire Tammadon-e Hormozgan, en relation semble-t-il avec la publication d’un article satirique. Sept journalistes en tout auraient été arrêtés et seraient détenus depuis lors au secret, faisant craindre qu’ils ne soient torturés ou maltraités.
Le 16 février, des informations ont été publiées par les médias iraniens qui suggéraient qu’Elham Afroutan était soit dans le coma après avoir tenté de se suicider soit morte en détention, mais à ce jour les autorités iraniennes ne semblent pas avoir commenté officiellement ces informations. Amnesty International considère qu’elles doivent immédiatement réagir et clarifier les circonstances de l’arrestation et du placement en détention d’Elham Afroutan, ainsi que les conditions et le traitement auxquels elle a été soumise en détention.
L’article satirique publié par Tammadon-e Hormozgan faisait, selon certaines informations, une comparaison entre l’entrée en fonctions de feu l’ayatollah Khomeini suivie de la Révolution islamique de 1979 et le problème du sida, et suggérait, grossièrement, que le président Mahmoud Ahmadinejad pouvait être considéré comme l’incarnation actuelle de la maladie. L’article aurait été publié dans la rubrique Santé de l’hebdomadaire sous le titre « Lutte ouverte contre le sida ». Sa publication a donné lieu à des manifestations au cours desquelles les bureaux du journal ont été mis à sac et incendiés. Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique a suspendu la publication du journal, accusé les responsables de l’article d’avoir violé la Loi sur la presse et déféré l’affaire aux instances judiciaires compétentes pour qu’elles engagent des poursuites.
Amnesty International appelle les autorités iraniennes à faire connaître aussi la situation à l’égard de la loi et l’état de santé des autres journalistes arrêtés en même temps qu’Elham Afroutan, et à veiller à ce qu’ils soient libérés immédiatement et sans condition s’ils ne sont pas dûment inculpés d’infractions reconnues par la loi et jugés dans les meilleurs délais et le respect des normes internationales d’équité. Ces personnes devraient être autorisées dès à présent à entrer en contact avec leur famille et un avocat, et à recevoir les soins médicaux nécessaires.