Communiqué de presse

Iran : un défenseur des droits humains parle après sa libération

L’un des défenseurs des droits humains les plus critiques d’Iran, remis en liberté lundi 20 juin, a indiqué à Amnesty International que sa libération ne marquait pas la fin de son combat car de nombreux Iraniens restaient injustement emprisonnés. Une fois libéré, Emadeddin Baghi a adressé le message suivant aux autres prisonniers : « Bien que je parte, la moitié de mon existence est toujours emprisonnée avec vous. »

Cet homme a été remis en liberté après avoir purgé deux peines confondues d’un an de prison pour « propagande contre l’État ». L’une avait pour motif la création de l’Association pour la défense des droits des prisonniers, l’autre une interview diffusée par la BBC. Il s’est également vu infliger une interdiction d’exercer toute activité politique pendant cinq ans. Une peine supplémentaire de cinq ans d’emprisonnement a été annulée par une cour d’appel, mais il a passé 19 jours de plus que prévu en prison.

« Nous sommes bien sûr ravis qu’Emadeddin Baghi ait été libéré, mais il n’aurait jamais dû aller en prison car il était un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et d’association dans le cadre de son travail de défense des droits humains et de journalisme », a souligné Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Prisonniers en grève de la faim

Avant sa libération, Emadeddin Baghi figurait parmi plusieurs prisonniers qui observaient une grève de la faim pour protester contre la mort de deux prisonniers d’opinion au cours du dernier mois :

Haleh Sahabi – qui est morte aux funérailles de son père, pour lesquelles une permission de sortie lui avait été accordée ; selon des témoins, elle serait décédée après avoir été frappée par un membre des forces de sécurité.


Hoda Saber
– qui a succombé à une crise cardiaque en prison après avoir entamé une grève de la faim pour protester contre la mort de Haleh Sahabi ; d’autres prisonniers affirment que des agents pénitentiaires l’ont frappé et ne lui ont pas fourni les soins médicaux dont il avait besoin.

Emadeddin Baghi a déclaré à Amnesty international qu’il pensait que 10 à 15 prisonniers observaient toujours une grève de la faim à la prison d’Evin pour ce motif, mais il était difficile d’en être certain à cause de l’absence de communications téléphoniques.

Dégradation de l’état de santé

Emadeddin Baghi a souffert de problèmes de santé persistants en prison, notamment d’une hernie discale qui lui fait extrêmement mal. Durant des tâches qui lui ont été assignées lors de précédentes périodes d’emprisonnement, il a fait trois attaques et une crise cardiaque et a eu des problèmes aux reins et à la vessie. Aujourd’hui, il a également besoin de soins dentaires.

Emadeddin Baghi a précisé qu’il ne faisait pas l’objet de nouvelles poursuites actuellement, mais il a ajouté que la justice iranienne avait toujours d’anciens dossiers en cours contre lui.

« Nous espérons que les autorités iraniennes vont maintenant cesser de persécuter sans arrêt cet homme courageux qui a consacré une si grande partie de sa vie aux droits humains en Iran, et qu’elles lui permettront de retrouver sa santé, qui a pâti des conditions d’emprisonnement épouvantables dans ce pays. Elles doivent également prendre des mesures immédiates pour lever toutes les interdictions prononcées à son encontre et l’autoriser à se rendre à l’étranger, un droit qui lui est conféré par le droit international », a insisté Malcolm Smart.

Emadeddin Baghi a remporté le prestigieux prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’homme en 2009, mais il n’a pas pu recevoir sa récompense en personne à cause de l’interdiction de voyager dont il est frappé – il était le premier lauréat de ce prix à ne pas pouvoir aller le chercher lui-même. Il a reçu plusieurs autres récompenses pour son travail et ses écrits.

Précédentes arrestations

Emadeddin Baghi a été arrêté et emprisonné à maintes reprises en raison de son travail de défenseur des droits humains et de journaliste en Iran ; au total, il a purgé cinq ans et 19 jours d’emprisonnement.

Il a passé trois ans en prison entre 2000 et 2003 après avoir été reconnu coupable d’« avoir porté atteinte à la sécurité nationale » en raison de ses écrits.

Il a ensuite été emprisonné pendant un an en 2007 après avoir été déclaré coupable de « publication d’informations mensongères » et de « mise danger de la sécurité nationale » par le biais de son livre intitulé The Tragedy of Democracy in Iran.

Outre l’Association pour la défense des droits des prisonniers, Emadeddin Baghi a également fondé une autre ONG, la Société des gardiens du droit à la vie, qui milite contre la peine de mort en Iran.

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