IRAN : Vague de répression contre les militants de la société civile et les défenseurs des droits humains

Mercredi 10 novembre 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les efforts faits par le pouvoir judiciaire iranien pour restreindre la
liberté d’expression et d’association sont de plus en plus souvent dirigés
contre des défenseurs des droits humains et des militants de la société
civile. Selon certaines informations, environ 25 personnes, journalistes
auteurs d’articles ou de chroniques sur internet ou militants de la société
civile, ont été arbitrairement arrêtées au cours de ces dernières semaines,
marquant ainsi une hausse sensible des violations des droits humains en
Iran.

« Le pouvoir judiciaire a pris pour cible la société civile qui prend de
plus en plus d’importance en Iran. Les arrestations arbitraires ciblées et
les mises en détention dans des lieux tenus secrets ainsi que les mauvais
traitements qui auraient été infligés à des militants tels qu’Omid
Memariyan, Mahboubeh Abbasgholizadeh et le journaliste Hanif Mazroui
révèlent clairement l’intention du pouvoir judiciaire de réprimer la société
civile naissante en Iran », a déclaré Amnesty International ce mercredi 10
novembre.

Les membres des familles de ces trois personnes ainsi que les membres
d’autres familles, ont à plusieurs reprises exprimé leur inquiétude
concernant la sécurité de leurs êtres chers.

« L’interdiction de voyager faite aux défenseurs des droits humains
Emaddedin Baqi, Mohammad Maleki, Azam Taleghani et Mohammad Maleki, montre
que le pouvoir judiciaire iranien a tourné le dos aux normes internationales
relatives aux droits humains qu’il avait promis à la communauté
internationale de respecter. Avec les dernières mesures de répression en
date, le pouvoir judiciaire a trahi les espoirs du peuple iranien de voir
mieux respecter ses droits fondamentaux », a déclaré Amnesty International.

En novembre 2003, Amnesty International avait fait part de son inquiétude
face à la spirale alarmante de violations des droits humains en Iran. Un an
plus tard, les mêmes violations flagrantes des droits humains continuent de
se produire.

L’Iran n’a pas coopéré avec les représentants des Nations unies en charge de
la défense des droits humains dont plusieurs se sont rendus dans le pays en
2003 et au début de l’année 2004.Les recommandations faites, par exemple,
par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire
(WGAD, Working Group on Arbitrary Detention), après sa visite en Iran en
février 2003 n’ont, semble-t-il, pas été suivies.

Les appels reçus par Amnesty International affirment que le peuple iranien
veut que le pouvoir judiciaire iranien - qui a décerné les mandats d’arrêt -
fasse respecter la loi, non qu’il se livre à des arrestations pour des
motifs politiques. Le Bureau du Guide suprême doit intervenir pour faire
cesser la spirale de violations des droits humains.

Amnesty International demande à l’assemblée générale des Nations unies
d’examiner attentivement le projet de résolution concernant la situation des
droits humains en Iran qui doit être présenté dans les semaines à venir ;
elle lui demande également de soutenir les militants de la société civile
menacés de mauvais traitements comme Omid Memariyan, afin de permettre que
les normes internationales relatives aux droits humains deviennent réalité
en Iran.

Complément d’information

Mahboubeh Abbasgholizadeh est la rédactrice en chef de Farzaneh, revue
consacrée aux droits des femmes. Elle a été arrêtée à son domicile le 2
novembre 2004. Omid Memariyan est journaliste, il a été arrêté à son bureau
le 10 octobre 2004. Il aurait renoncé à son droit d’être défendu par un
avocat. Amnesty International craint que cela ne soit un signe des mauvais
traitements qu’il subirait actuellement. Son arrestation arbitraire a semé
la peur dans la société civile, réduisant ainsi la marge de manœuvre des
autres militants pour tenter de le protéger et rendant sa défense de
l’extérieur - par la communauté internationale - d’autant plus importante.

Tous deux sont des militants de la société civile. Ils ont travaillé avec de
nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG), les aidant pour la
formation et le renforcement de leurs capacités. Ils auraient à répondre
d’accusations à la formulation vague - ne constituant pas d’infractions
pénales reconnues en droit international - pour des faits en rapport avec la
sûreté de l’État et peut-être également « d’actes contraires à la morale »
ou de diffamation.

De nombreux autres journalistes de sites internet auraient été arrêtés au
cours de ces derniers mois et accusés de faits en lien avec des actes de
diffamation ou des insultes, infractions définies en termes vagues,
incompatibles avec les normes internationales relatives aux droits humains.
Parmi les personnes arrêtées figurent Fereshteh Ghazi du quotidien Etemad,
arrêtée sur son lieu de travail le 28 octobre 2004, Javad Gholam Tamayomi,
écrivant pour le quotidien Mardomsalari, arrêté le 18 octobre 2004, Shahram
Rafihzadeh, chef de la rubrique culturelle d’Etemad, arrêtée le 7 septembre
2004, Reza Mir Ebrahimi, ancien responsable de la rubrique Affaires
étrangères d’Etemad, arrêté le 27 octobre 2004, Hanif Mazroui, ancien
journaliste, arrêté le 6 septembre et Amir Mojiri, journaliste auteur
d’articles sur internet, arrêté le 8 septembre 2004. l

Plus d’informations

En octobre 2004, Amnesty International a lancé un appel pour que soient mis
un terme aux limitations imposées à l’action des défenseurs des droits
humains qui cherchent à promouvoir et protéger les droits civils, politiques
et autres des personnes.

Pour lire les autres déclarations d’Amnesty International concernant
Emaddedin Baqi, défenseur des droits humains et l’action des défenseurs des
droits humains en général, veuillez consulter le texte intitulé Il faut
mettre un terme aux limitations imposées à l’action des défenseurs des
droits humains, index AI : MDE 13/039/2004, paru dans le bulletin n°248,
publié le 6 octobre 2004
http://web.amnesty.org/library/index/FRAMDE130392004.

Pour participer à la campagne d’Amnesty International en faveur d’Emaddedin
Baqi, consulter le document (en anglais) intitulé Emaddedin Baqi and the
work of human rights defenders, index AI : MDE 13/044/2004, paru le 4
novembre 2004 http://web.amnesty.org/library/index/ENGMDE130442004.

Pour plus d’informations concernant Emaddedin Baqi et l’Association pour la
Défense des droits des prisonniers (SDRP, Society for the Defence of the
Rights of prisoners), consulter Le Fil d’AI de septembre 2004 sur le site de
l’organisation.

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