Depuis octobre 2019, les autorités israéliennes interdisent à Laith Abu Zeyad, chargé d’action sur Israël et les territoires palestiniens occupés à Amnesty International, de se rendre au bureau d’Amnesty International dans le territoire occupé de Jérusalem-Est ou de voyager à l’étranger, sous couvert de « raisons de sécurité » tenues secrètes. C’est la deuxième fois en moins d’un an que le tribunal de district de Jérusalem examine un recours contre l’interdiction de circuler prononcée contre Laith Abu Zeyad.
Amnesty International exhorte les membres de la communauté internationale à faire pression sur les autorités israéliennes afin qu’elles lèvent l’interdiction pesant sur Laith Abu Zeyad, et à envoyer des représentant·e·s pour assister à l’audience en qualité d’observateurs, dans le but de garantir le respect des normes d’équité des procès.
« Cette interdiction cruelle et honteuse imposée à Laith Abu Zeyad depuis un an et cinq mois illustre l’hostilité d’Israël à l’égard des défenseur·e·s des droits humains travaillant dans le pays, en particulier quand ils sont palestiniens. Les membres de la communauté internationale doivent passer à l’action et dire à Israël que cela est inacceptable », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Ce défenseur des droits humains est sanctionné pour son militantisme pacifique. Son seul "crime" semble être le fait qu’il soit un Palestinien critiquant le bilan d’Israël en matière de droits humains.
« Cette interdiction cruelle et honteuse imposée à Laith Abu Zeyad depuis un an et cinq mois illustre l’hostilité d’Israël à l’égard des défenseur·e·s des droits humains travaillant dans le pays, en particulier quand ils sont palestiniens »
« Cette interdiction de circuler a eu un impact dévastateur sur la vie personnelle de Laith Abu Zeyad et sur sa capacité à effectuer son travail. Le monde doit se joindre à nous afin de demander aux autorités israéliennes de lever immédiatement et définitivement les restrictions arbitraires à ses déplacements, et de cesser de s’en prendre aux défenseur·e·s des droits humains. »
En septembre 2019, au poste de contrôle militaire d’al Zaytoona (Hazatem), près de Jérusalem, Laith Abu Zeyad s’est vu refuser le permis humanitaire qu’il demandait afin de pouvoir accompagner sa mère, qui se rendait à Jérusalem pour y recevoir un traitement contre le cancer. Ce refus a été justifié par des « raisons de sécurité » qui ne lui ont pas été révélées. On lui a aussi interdit de rendre visite à sa mère dans un hôpital de Jérusalem en décembre 2019, et il n’a donc pas pu la revoir avant sa mort. Ces restrictions l’empêchent par ailleurs d’accéder au bureau d’Amnesty International à Jérusalem.
En mai 2020, un juge du tribunal de district de Jérusalem a examiné la demande d’Amnesty International en faveur de la levée de l’interdiction de circuler prononcée contre Laith Abu Zeyad, mais a retenu à titre de preuve des informations confidentielles fournies par l’Agence israélienne de sécurité selon lesquelles il représente un risque pour la sécurité ; dans les faits, le tribunal s’est contenté d’approuver l’interdiction automatiquement. Laith Abu Zeyad a pu bénéficier d’un permis spécial afin d’assister à l’audience, mais a été représenté par son avocat, Tamir Blank.
Durant les débats, il a été demandé à l’avocat de Laith et aux observateurs d’Amnesty International et des missions diplomatiques de quitter la salle d’audiences pour que les autorités présentent les informations confidentielles au juge.
Ce refus de révéler les éléments à charge est une violation des droits de la défense, et signifie que Laith Abu Zeyad et ses avocats n’ont pas eu la possibilité de véritablement contester les accusations portées contre lui.