Un tribunal israélien a confirmé vendredi 11 septembre la condamnation à la résidence surveillée imposée à Mordechai Vanunu, lanceur d’alertes sur les questions nucléaires, en raison d’une interview donnée à la presse. Cette sentence est lourde et revêt un caractère vindicatif, a déclaré Amnesty International.
Le tribunal de district de Jérusalem a rejeté l’appel que Mordechai Vanunu avait formé contre sa condamnation, le 10 septembre, à une semaine de résidence surveillée pour l’interview accordée le 4 septembre à la chaîne de télévision israélienne Channel 2 (Aroutz 2). Le tribunal lui a également interdit d’utiliser Internet et de s’adresser à des journalistes, quels qu’ils soient.
« Les restrictions qui pèsent sur Mordechai Vanunu sont punitives et revêtent un caractère vindicatif », a dit Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Ces dernières atteintes à la liberté de Mordechai Vanunu témoignent une fois de plus de la volonté délibérée des autorités israéliennes de continuer à se venger et de faire de lui un cas d’école, pour des actes datant de 1986 qui lui ont valu une lourde peine de 18 ans d’emprisonnement, désormais purgée. »
« Une nouvelle punition ne protège en rien la sécurité nationale d’Israël – les informations qu’il a divulguées il y a près de 30 ans ne sont plus d’actualité depuis bien longtemps. »
Amnesty International considère Mordechai Vanunu comme un prisonnier d’opinion, privé de son droit de circuler librement uniquement parce qu’il a exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.
Il a déjà passé 18 ans en prison, dont 11 à l’isolement, pour avoir révélé en 1986, au journal britannique The Sunday Times, des détails sur l’arsenal nucléaire israélien. À la suite de ces révélations, des agents du Mossad, le service israélien du renseignement, l’avaient enlevé sur le territoire italien et l’avaient maintenu en détention secrète pendant une longue période.
Alors qu’il a été libéré en 2004 à la fin de sa peine, son calvaire continue encore à ce jour. Il doit toujours se soumettre à des ordres de l’armée, qui lui impose des restrictions inutiles ou punitives telles que l’interdiction de voyager ou de s’approcher d’ambassades, ou des limites à l’utilisation d’Internet et aux communications avec des étrangers.
Mais jusqu’à cette dernière arrestation il ne lui avait pas encore été interdit de s’adresser à des journalistes israéliens. Les avocats de Mordechai Vanunu affirment qu’il n’a pas enfreint ses conditions de libération puisqu’une autorité de censure militaire israélienne avait donné son accord à l’interview.
La chaîne de télévision Aroutz 2 respecte pleinement les principes de protection des sources, refusant de remettre à la police les rushes de la récente interview avec Mordechai Vanunu.
« Ces dernières restrictions à la liberté de Vanunu ne sont qu’un exemple de plus de la ferme volonté des autorités israéliennes de le punir et de faire de lui un cas d’école », a dit Philip Luther.
Complément d’information
Depuis la sortie de prison de Mordechai Vanunu, en 2004, la Cour suprême d’Israël a étouffé à maintes reprises ses tentatives d’exercice des droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association.
Ainsi, en 2014, elle avait refusé de faire droit à une demande de levée de son interdiction de voyage présentée par ses avocats afin qu’il puisse se rendre au Royaume-Uni, où Amnesty International organisait une rencontre sur les lanceurs d’alerte et où 54 parlementaires britanniques l’avaient invité à s’adresser au Parlement.
En 2010, il avait été emprisonné pour trois mois, après avoir été déclaré coupable d’avoir enfreint les mesures de restriction en parlant avec des étrangers et en voulant assister à une messe de Noël à Bethléem.