Communiqué de presse
Les délégués d’Amnesty International qui se sont rendus dans la bande de Gaza ont trouvé des preuves indiscutables du recours intensif au phosphore blanc dans des zones d’habitation densément peuplées de la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza.
« Ce dimanche 18 janvier 2009, nous avons vu des rues et des allées jonchées d’éléments attestant de l’utilisation de phosphore blanc, notamment des éclats encore en feu et les restes d’obus et de grenades tirés par l’armée israélienne, a déclaré Christopher Cobb-Smith, expert balistique présent à Gaza dans le cadre de la mission d’information d’Amnesty International composée de quatre délégués.
« Le phosphore blanc est une arme destinée à créer un écran de fumée permettant de masquer les mouvements de troupe sur le champ de bataille, a-t-il ajouté. C’est un agent très incendiaire, qui explose dans les airs et ne devrait jamais être utilisé dans des zones civiles, en raison de ses effets dévastateurs. »
« Un recours aussi fréquent à cette arme dans les quartiers résidentiels de Gaza, où la population est dense, est non discriminant par nature, a affirmé Donatella Rovera, chercheuse d’Amnesty International sur Israël et les territoires palestiniens occupés. Une utilisation répétée dans ces circonstances, alors qu’on sait que cette arme frappe sans discrimination et qu’elle a des effets terribles sur les civils, constitue un crime de guerre. »
Des éclats de phosphore blanc sont éparpillés tout autour des bâtiments d’habitation et nombre d’entre eux brûlaient encore ce dimanche 18 janvier, mettant en danger les habitants et leurs biens. Les rues et les allées sont remplies d’enfants qui jouent, attirés par les débris des combats et bien souvent inconscients du danger.
« L’artillerie est une arme de zone, elle n’est pas adaptée pour cibler avec précision. Le fait que ces munitions, généralement utilisées pour des explosions terrestres, ont été tirées afin d’exploser dans les airs accroît la surface probable de la zone dangereuse », a ajouté Christopher Cobb-Smith.
Chaque obus d’artillerie de 155 mm explose en déployant 116 éclats imprégnés de phosphore blanc qui s’enflamme au contact de l’oxygène et peut se disperser, en fonction de la hauteur à laquelle il explose et du vent, sur une surface au moins aussi grande qu’un terrain de football. Outre l’effet non discriminant d’une telle arme utilisée pour exploser dans les airs, le fait de l’employer comme obus d’artillerie aggrave le risque de toucher des civils.
Les délégués d’Amnesty International ont trouvé à l’intérieur et autour de maisons et de bâtiments des fragments de phosphore blanc se consumant et les obus dont ils provenaient. Certains de ces obus en acier de 155 mm ont gravement endommagé plusieurs habitations.
L’un des lieux les plus touchés est le complexe de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), dans la ville de Gaza, sur lequel les forces israéliennes ont tiré trois obus au phosphore blanc le 15 janvier. Le phosphore blanc a terminé sa course près de camions de carburant, déclenchant un grand incendie qui a détruit des tonnes d’aide humanitaire. Une heure auparavant, les bâtiments avaient déjà été frappés. Les responsables de l’UNWRA en avaient informé les autorités israéliennes, qui avaient donné l’assurance qu’aucun tir ne serait dirigé contre le complexe.
Ce même jour, un autre obus au phosphore blanc a touché l’hôpital al Quds, dans la ville de Gaza, et provoqué un incendie qui a contraint le personnel médical à évacuer les patients.
Le phosphore blanc, lorsqu’il entre en contact avec la peau, peut causer de graves brûlures des muscles, qui peuvent aussi atteindre les os, et continue de se consumer jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène.
Complément d’information
Les cessez-le-feu unilatéraux annoncés séparément par Israël et le Hamas, prenant effet au 18 janvier, n’ont pas été respectés par les deux parties. Les forces israéliennes sont restées stationnées dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza et, dans la matinée du 18 janvier, des missiles israéliens ont tué Angham Rifat al Masri, onze ans, et blessé sa mère, à l’est de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Parallèlement, des groupes armés palestiniens ont tiré plusieurs roquettes sur des villages et des villes du sud d’Israël, blessant légèrement trois civils israéliens.