Journée mondiale de lutte contre le SIDA : Amnesty dénonce la discrimination et la désinformation qui entravent la lutte contre l’épidémie

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

« La lutte contre la discrimination, la réprobation sociale et les atteintes
aux droits humains ainsi que la mise à disposition d’informations précises
sont des éléments essentiels pour une réaction efficace au VIH et au sida »,
a déclaré Amnesty International aujourd’hui, à la veille de la Journée
mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre prochain. « Les
engagements pris à la séance spéciale de la Session extraordinaire de
l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH / sida en 2001 n’ont pas
été tenus, a ajouté l’organisation, et certains pays ont fait obstacle à une
prévention efficace. Il faut agir pour protéger des vies. »

Amnesty International a critiqué le caractère contradictoire des messages de
certaines personnalités influentes, ce qui complique l’accès aux
informations complètes et précises qui sont nécessaires pour éviter la
propagation de la maladie. L’organisation est préoccupée par les récentes
déclarations d’un cardinal, qui détient de hautes fonctions au Vatican,
selon lesquelles le VIH peut traverser les préservatifs.

« Les médecins, les chercheurs et les experts de la santé publique affirment
de manière quasi unanime que le préservatif est un moyen efficace et
nécessaire pour prévenir la transmission du VIH. La déclaration du cardinal
reflète néanmoins le refus total opposé par le Vatican à l’usage du
préservatif, position contraire aux connaissances scientifiques et qui met
des vies en danger », a déclaré l’organisation de défense des droits
humains.

Il est essentiel de mettre à la disposition de tous des informations
impartiales, complètes et précises sur le VIH / sida, dans les langues ou
dialectes nécessaires, afin de garantir que chacun puisse prendre des
mesures pour se protéger et venir à bout du climat de peur et d’exclusion.
La question de l’information est particulièrement importante, car très
souvent les personnes qui risquent d’être contaminées par le virus sont en
situation de marginalisation. Les femmes sont particulièrement vulnérables
face au VIH car elles ont du mal à obtenir des informations précises et à
demander à avoir des rapports protégés.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les mesures gouvernementales qui
nuisent à la santé des femmes, ou la mettent en danger », a déclaré
l’organisation.

Le gouvernement américain a remis en vigueur en 2001 une mesure connue sous
le nom de « Mexico City Policy » (également appelée « global gag rule »,
c’est-à-dire règle du bâillon à l’échelle mondiale), qui supprime tout
financement gouvernemental destiné aux groupes qui pratiquent ou aident
l’avortement, ou même ne font qu’en parler, même s’il ne s’agit que d’une
part infime de leur message et de leur travail.

« Cette mesure réduit au silence de manière efficace les organisations non
gouvernementales étrangères qui œuvrent en faveur de la santé ou font un
travail de sensibilisation. Si le financement d’organismes qui s’intéressent
aux questions de santé liées à la reproduction est supprimé, cela peut avoir
de graves conséquences sur la lutte contre le VIH / sida », a ajouté Amnesty
International.

Dans certains cas, les gouvernements s’emploient activement à tenter
d’empêcher la distribution gratuite d’informations vitales sur le VIH /
sida. Des agents d’éducation sanitaire actifs dans ce domaine ont été
harcelés en Inde et même appréhendés en Chine.

En avril 2003, Ma Shiwen, fonctionnaire du service de santé du Henan (Chine)
a été arrêté pour « divulgation de secrets d’État ». Lesdits « secrets »
étaient en réalité des informations complémentaires sur les taux élevés de
contamination par le VIH dans la province du Henan, situation causée par la
distribution de stocks de sang contaminé collecté dans de mauvaises
conditions. Ma Shiwen a été remis en liberté le 1er octobre dernier sans
être passé en jugement, mais on ne sait pas avec précision quelle est sa
situation actuelle.

« Le fait d’engager des poursuites contre des agents d’éducation sanitaire
parce qu’ils ont révélé des informations relatives au VIH constitue une
violation de la liberté d’expression et contredit le droit à la santé, a
déclaré Amnesty International. Ceci révèle la pression à laquelle ces
personnes sont soumises au cours de leur travail, alors qu’elles tentent de
sauver des vies.

« La discrimination, la réprobation sociale et les atteintes aux droits
humains sont indissociables et ont des conséquences sur l’action efficace
contre le virus, a ajouté l’organisation. Si les gens ont peur de la
réprobation sociale ou de la discrimination, ils ne chercheront probablement
pas à subir un test ou à recevoir des soins ».

« L’Ouganda et le Brésil ont prouvé que même des pays disposant de peu de
moyens peuvent limiter l’expansion de l’épidémie en faisant preuve d’une
véritable volonté politique, en donnant des informations claires et précises
sur le sida et en prenant rapidement des mesures en faveur de la
distribution de médicaments », a souligné Amnesty International.

Le droit des personnes à un traitement pouvant leur sauver la vie constitue
toujours une bataille qui doit être menée et gagnée, a par ailleurs estimé
l’organisation.

Amnesty International appelle les gouvernements à agir rapidement pour que
les lois et les mesures politiques s’opposent à la discrimination, à la
réprobation sociale et au non-respect des droits humains dans le contexte du
VIH / sida. « Dans ce combat, l’engagement des gouvernements est aussi
important que leur soutien financier, a affirmé le mouvement de défense des
droits humains. La réprobation sociale et la discrimination doivent être
contrées par l’instauration et l’application de lois efficaces en la
matière. Si de telles mesures ne sont pas mises en œuvre, les vies de
millions de personnes seront en danger. »

Un dossier spécial sur le VIH / sida comprenant des reportages, des
entretiens et des statistiques, sera publié aujourd’hui sur le site :
http://news.amnesty.org <http://news.amnesty.org/> [en anglais]

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