Janar Sekerbaïeva est membre du groupe Feminita, qui a organisé une séance photo le 9 août pour sensibiliser le public au tabou qui entoure les menstruations dans la société kazakhe.
« Les poursuites engagées contre Janar Sekerbaïeva illustrent parfaitement l’intolérance des autorités kazakhes envers toute opinion qu’elles ne cautionnent pas, a déclaré Heather McGill, chercheuse chargée de l’Europe et de l’Asie centrale pour Amnesty International.
Au lieu de remédier aux préoccupations en matière de droits humains soulevées par ces militants et de chercher des moyens de mettre fin à la stigmatisation des menstruations au Kazakhstan, les autorités ont préféré clore la discussion que Janar Sekerbaïeva avait si courageusement ouverte. »
Oxana Pokaltchouk, directrice d’Amnesty International Ukraine, qui était présente dans la salle d’audience, a indiqué que le juge avait posé des questions inappropriées sur la vie privée de Janar Sekerbaïeva.
« C’est une démonstration éloquente de la raison pour laquelle le Kazakhstan a besoin de femmes courageuses comme elle pour lutter contre la discrimination. Nous demandons aux autorités kazakhes de mettre fin à la répression injustifiée du droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique de Janar Sekerbaïeva. Ni le fait de prendre des photos ni le fait de faire campagne en faveur de la santé et des droits des femmes ne constituent une infraction. »
Les poursuites administratives dont Janar Sekerbaïeva fait l’objet sont liées à une séance photo que des militants de Feminita ont organisée le 9 août, et lors de laquelle ils ont brandi des affiches, dont une représentant une femme ayant ses règles au-dessus de plusieurs yourtes (maisons traditionnelles nomades d’Asie centrale).
« C’est une démonstration éloquente de la raison pour laquelle le Kazakhstan a besoin de femmes courageuses comme elle pour lutter contre la discrimination. ».
Le 15 août au soir, la police a conduit Janar Sekerbaïeva au commissariat d’Almaty, où elle a été inculpée de « faits mineurs de houliganisme », une infraction administrative. Elle a comparu devant le tribunal le 16 août au matin et son procès est en cours. Si elle est déclarée coupable, elle risque une amende ou jusqu’à 10 jours de « détention administrative ».
Les policiers ont arrêté Janar Sekerbaïeva 30 minutes avant qu’elle ne présente ses recherches sur le VIH et sur la santé des femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres au Kazakhstan.
Lors de l’audience du 16 août au matin, le juge a posé des questions inappropriées à Janar Sekerbaïeva, comme « êtes-vous mariée ? », « avez-vous des enfants ? », « êtes-vous enceinte ? », et l’a interrogée sur l’affiche.
L’avocat de Janar Sekerbaïeva a demandé que le juge soit dessaisi de l’affaire et l’audience a été ajournée au 20 août.