Kirghizistan, la fermeture de Radio Azattyk est une atteinte à la liberté des médias

Kirghizistan, la fermeture de Radio Azattyk est une atteinte à la liberté des médias

Un tribunal du Kirghizstan a accédé à une demande du ministère de la Culture visant à fermer Radio Azattyk, le bureau national de la Société internationale de radiodiffusion Radio Free Europe/Radio Liberty, pour une violation présumée de la réglementation relative aux médias.

« La fermeture de Radio Azattyk est non seulement un acte de censure visant un média, mais également un coup dur pour la liberté d’expression dans le pays. Les autorités kirghizes ont franchi une nouvelle étape visant à étouffer la couverture critique des événements dans le pays et à museler les journalistes. », a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.

« Les allégations des autorités kirghizes selon lesquelles une vidéo diffusée par Radio Azattyk répandait un message de haine, sont non seulement fausses mais constituent en outre un prétexte évident. Les autorités cherchaient la moindre excuse pour faire taire une voix indépendante parmi les médias.

« La décision du tribunal sera contestée en appel, et Amnesty International réitère son appel aux autorités du pays pour qu’elles renoncent à la fermeture définitive de Radio Azattyk, qu’elles cessent de harceler et de menacer les journalistes et les opposant·e·s au gouvernement, et qu’elles respectent, protègent et favorisent pleinement l’exercice du droit à la liberté d’expression pour tous les médias au Kirghizistan. »

Contexte

Jeudi 27 avril, le tribunal du district de Lénine à Bichkek, la capitale kirghize, a accédé à la demande du ministère de la Culture, de l’Information, du Sport et de la Jeunesse de mettre fin aux activités de Radio Azattyk. La raison de cette action en justice aurait été la publication sur les chaînes de réseaux sociaux de Radio Azattyk d’une vidéo produite par l’organisation sœur de la radio, Current Time TV, qui couvrait le conflit frontalier de septembre 2022 entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. Les autorités kirghizes ont affirmé que la vidéo était contraire à la Loi relative aux moyens de communication de masse, qui interdit « la propagande en faveur de la guerre, de la violence et de la cruauté, de l’exclusivité nationale ou religieuse et de l’intolérance envers les autres peuples et nations », et ont exigé qu’elle soit retirée.

En octobre 2022, l’accès au site Internet de Radio Azattyk a été « temporairement » bloqué et ses comptes bancaires ont été gelés, prétendument en vertu de la législation nationale sur le blanchiment d’argent. En décembre, les autorités ont imposé le blocage du site « pour une durée indéterminée ».

Au cours de l’année écoulée, des opposant·e·s au gouvernement, des journalistes et d’autres professionnel·le·s des médias ont été harcelés de manière répétée au Kirghizistan. Le 23 novembre, Bolot Temirov, fondateur du projet d’enquête Temirov Live, a été déchu de sa nationalité kirghize et expulsé de force vers Moscou après qu’il a critiqué les autorités.

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