KOSOVO. Il faut enquêter sur les agressions dont les Roms sont victimes. Les autorités doivent protéger les communautés vulnérables

Amnesty International et Human Rights Watch

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
7 septembre 2009

Bruxelles – Les autorités locales et internationales au Kosovo doivent agir de concert afin de mettre fin à la récente vague d’agressions et de harcèlement dont sont victimes les Roms (Tsiganes), ont déclaré ce lundi 7 septembre 2009 Human Rights Watch et Amnesty International. Elles doivent notamment mener dans les meilleurs délais des enquêtes afin d’identifier les auteurs présumés et de les poursuivre en justice, et prendre des mesures permettant d’éviter la répétition de ces violences.

Les médias roms du Kosovo ont commencé à rendre compte d’agressions à la mi-août 2009. Human Rights Watch et Amnesty International, en coopération avec des organisations non gouvernementales (ONG) roms, s’efforcent depuis lors de recueillir des informations sur ces événements et sur les mesures prises par les autorités.

« Ces événements montrent à quel point les Roms restent vulnérables au Kosovo, a indiqué Wanda Troszczynska-van Genderen, chercheuse pour la Péninsule des Balkans à Human Rights Watch. Pour mettre un terme à ces attaques, il faut absolument que les forces de police et les procureurs du Kosovo et des organismes internationaux fassent clairement savoir que les responsables présumés n’échapperont pas à la justice. »

Une émission de télévision diffusée en langue rom (Yekhipe) sur Radio Télévision Kosovo (RTK), chaîne publique, annonçait le 13 août que des Kosovars (Albanais du Kosovo) avaient lancé une vague d’attaques contre la communauté rom à Gnjilane (Gjilan) au cours de la dernière semaine de juillet. D’après cette émission, au moins quatre Roms, dont un dirigeant communautaire, ont été physiquement agressés et blessés lors d’attaques distinctes. Selon la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kosovo, les victimes ont signalé ces faits à la police et des enquêtes ont été ouvertes.

D’après l’émission Yekhipe, d’autres attaques ont eu lieu au cours de cette période, mais les victimes n’ont pas porté plainte par peur de représailles. La Mission de l’OSCE au Kosovo a également confirmé le cambriolage d’une maison rom à Gnjilane (Gjilan) la même semaine.

Le 25 août, une autre série d’événements a été signalée, lorsque 20 familles roms du quartier de Halit Ibishi, dans la ville d’Urosevac (Ferizaj), ont remis une pétition au bureau de la municipalité, affirmant qu’elles avaient été insultées et physiquement harcelées à plusieurs reprises entre le 17 et le 22 août par des « personnes inconnues ». Elles ont sollicité la protection du Service de police du Kosovo (SPK) et des autorités municipales. La police enquête sur ces allégations.

Les organisations internationales mandatées pour surveiller la sécurité et les conditions de vie des minorités au Kosovo – dont la Mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK), le bureau du haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’OSCE et la mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo (EULEX) – se sont tout d’abord abstenues de réagir à ces informations. Elles s’y intéressent désormais, mais ne disposent pas encore d’éléments suffisants pour déterminer si ces attaques étaient motivées par la haine ethnique.

En réaction aux agressions, la police du Kosovo et la police municipale de Gnjilane (Gjilan) et d’Urosevac (Ferizaj) auraient multiplié les patrouilles dans les zones de tension. Cependant, il n’a été procédé à aucune arrestation et ces attaques n’ont pas été condamnées officiellement par le gouvernement du Kosovo et les autorités internationales au Kosovo.

« Il ne suffit pas de réagir lorsqu’il se passe quelque chose, a expliqué Sian Jones, spécialiste des Balkans à Amnesty International. Il convient d’anticiper, notamment en renforçant les patrouilles de police, afin de protéger les droits des Roms, mais aussi d’entrer en contact avec leur communauté pour les encourager à porter plainte auprès des services de police, qui doivent mener dans les meilleurs délais des enquêtes impartiales sur toutes ces allégations. »

Au cours des dix dernières années, les autorités du Kosovo et les autorités internationales présentes sur ce territoire se sont régulièrement montrées incapables de protéger les minorités contre les actes de violence et d’intimidation. Les Roms se sont retrouvés exposés à des agressions répétées, notamment à une série d’attaques motivées par des considérations ethniques en mars 2004.

Human Rights Watch a rendu compte de ces lacunes dans plusieurs documents, notamment Not on the Agenda : The Continuing Failure to Address Accountability in Kosovo Post-March 2004 et Kosovo Criminal Justice Scorecard.

Voir aussi, dans le Rapport annuel 2009 d’Amnesty International, la rubrique concernant la Serbie et englobant le Kosovo ici.

Pour en savoir plus sur le travail de Human Rights Watch au Kosovo, veuillez cliquer ici.

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