L’UE engagera-t-elle des discussions franches avec Joe Biden au sujet des droits humains ?

Communiqué de presse du Bureau européen

Bruxelles, le 5 mai 2010.

Amnesty International exhorte les dirigeants de l’Union européenne (UE) à engager des discussions franches sur les conséquences des opérations antiterroristes pour les droits humains avec le vice-président américain, Joe Biden, lors de sa visite à Bruxelles le 6 mai. Dans une lettre adressée aux responsables des institutions de l’Union européenne, Amnesty International appelle l’UE à évoquer des sujets tels que le sort des quelque 180 personnes maintenues en détention sur la base navale américaine de Guantánamo Bay, ainsi que la question de l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains commises dans le contexte de la lutte antiterroriste, et notamment du programme de détentions secrètes de la CIA.
« L’objectif de la visite de Joe Biden à Bruxelles est d’améliorer la coopération entre les États-Unis et l’UE en matière de lutte antiterroriste. Les dirigeants de l’UE doivent souligner, lors des entretiens qu’ils auront avec le vice-président, qu’il ne saurait y avoir de sécurité à l’échelle mondiale sans un respect inconditionnel des droits humains de la part de tous les États, y compris les États-Unis. Nous ne devons plus jamais permettre que les droits humains soient relégués au second plan dans le cadre des efforts communs déployés par l’UE et les États-Unis, tant actuellement qu’à l’avenir, pour faire face aux menaces terroristes », a déclaré Nicolas Beger, directeur du Bureau européen d’Amnesty International.

Amnesty International encourage les États membres de l’UE à continuer à accueillir des détenus de Guantánamo sur leur sol pour leur permettre de reconstruire leur vie. Ces États doivent faire pression sur le gouvernement des États-Unis pour qu’il respecte les droits humains en fermant le centre de détention de Guantánamo Bay, tournant ainsi une sombre page de l’histoire récente. La pratique actuelle de la détention illimitée sans jugement doit être abandonnée, et ne saurait être remplacée par un système similaire, ni sur le territoire des États-Unis, ni ailleurs. Les 180 personnes maintenues en détention à Guantánamo Bay doivent être soit libérées, soit inculpées d’infractions prévues par la loi. Celles que les États-Unis souhaitent poursuivre en justice doivent être jugées par des tribunaux civils indépendants et impartiaux, et non par des commissions militaires suivant des procédures non conformes aux normes internationales d’équité des procès.

L’UE doit exhorter le gouvernement américain actuel à enquêter de manière approfondie sur les allégations de torture et de disparitions forcées liées au programme de détentions secrètes et d’interrogatoires de la CIA. Amnesty International engage l’UE à jouer un rôle constructif en déployant des efforts pour établir la vérité tant au sujet des actes qui auraient été commis à la suite des attentats du 11 septembre que des agissements qui pourraient être perpétrés aujourd’hui.
« Le gouvernement américain actuel n’a fait aucun ou quasiment aucun effort pour que les responsables présumés des violations des droits humains commises au nom de la lutte antiterroriste ces dernières années soient amenés à rendre des comptes. L’UE a une excellente occasion de montrer que la justice et les droits humains occupent un rôle central dans ses relations avec les autres pays en exprimant des protestations auprès des États-Unis à ce sujet. L’Union européenne doit également donner suite aux allégations selon lesquelles certains de ses États membres, un peu partout en Europe, se sont rendus complices de " restitutions" et de détentions secrètes », a conclu Nicolas Beger.

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