La protection des minorités sera un enjeu majeur de la future transition en Syrie Communiqué de presse

En Syrie, lorsqu’un gouvernement de transition sera en place, il devra faire de la protection des minorités sa priorité numéro un, a déclaré Amnesty International jeudi 10 janvier, alors que la conférence internationale organisée au Royaume-Uni pour anticiper l’éventuel effondrement du gouvernement syrien touchait à sa fin.

Les leaders de l’opposition et les différents spécialistes de la question syrienne, qui se sont entretenus en privé dans le Sussex durant deux jours, doivent placer les droits humains au cœur de tous les projets d’avenir pour le pays.

Les groupes minoritaires, dont les alaouites, communauté à laquelle appartient la famille el Assad, sont exposés à un risque croissant d’atteintes aux droits humains par les forces armées d’opposition.

« À la fin du conflit, ceux qui prendront le pouvoir, quels qu’ils soient, auront une tâche colossale à accomplir, et il est vital qu’ils placent les droits humains au cœur de leurs politiques et réformes, a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « L’un des axes essentiels sera la sécurité des minorités, notamment celles soupçonnées d’avoir soutenu l’ancien gouvernement. »

Les violences motivées par l’intolérance religieuse se multiplient en Syrie, et sont particulièrement le fait des opposants au président Bachar el Assad.

Parmi les communautés ciblées, citons les alaouites, les druzes et les chiites, ainsi que les chrétiens.

« Il faut agir sans délai en vue de mettre fin à ces attaques interconfessionnelles et de veiller à ce que les séquelles de la répression ne façonnent pas l’avenir du pays, a poursuivi Ann Harrison.
« On ne doit pas laisser l’impunité pour les crimes relevant du droit international pourrir et ternir l’horizon d’une nouvelle Syrie, où les droits de tous seront pleinement respectés. »

La perspective de voir la conférence organisée dans le Sussex déboucher sur une résolution pacifique du conflit syrien semble s’écarter toujours davantage. Les forces de l’opposition continuent de gagner du terrain, même si les villes et les villages qu’elles contrôlent sont ensuite fréquemment bombardés par les forces gouvernementales syriennes.

Les futurs dirigeants de la Syrie auront pour mission de reconstruire un pays ravagé par un conflit sanglant qui a, selon l’ONU, fait au moins 60 000 morts. Les civils sont toujours en première ligne : des dizaines de personnes seraient tuées chaque jour.

D’après les estimations des Nations unies, plus de deux millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, tandis que plus de 600 000 réfugiés ont pris la fuite, pour la plupart vers les pays limitrophes.
« Le nouveau gouvernement devra, et ce en priorité, s’assurer que toute personne en Syrie qui a besoin de l’aide humanitaire d’urgence puisse la recevoir sans retard », a estimé Ann Harrison.

Par ailleurs, il incombe à la communauté internationale de soulager la crise humanitaire en Syrie – avant comme après une éventuelle transition.
Il convient de fournir de toute urgence un abri, de la nourriture, de l’eau, des services sanitaires et médicaux, et la communauté internationale doit contribuer à porter ce fardeau.

L’ONU et les agences internationales recherchent de toute urgence des contributions financières afin d’aider les personnes qui sont restées en Syrie et celles qui en sont parties.

« Les pays qui accueillent des réfugiés en provenance de Syrie ne doivent pas les renvoyer de force tant que la situation en termes de sécurité et de droits humains n’y est pas suffisamment stable pour permettre un retour sûr et durable, dans la dignité », a assuré Ann Harrison.

Amnesty International demande aux gouvernements de se montrer solidaires avec les pays voisins de la Syrie qui accueillent la plupart des réfugiés et de prendre les mesures qui s’imposent pour partager avec eux cette responsabilité.

Les responsables syriens et étrangers qui débattent de l’avenir du pays doivent aussi s’engager à combattre la discrimination et la violence, notamment contre les femmes, s’ils assument à l’avenir le pouvoir.
« Trop souvent, ces dernières années, nous avons vu les droits des femmes être relégués tout en bas de l’agenda sous les gouvernements de transition ; les autorités qui dirigeront la Syrie après le conflit se doivent d’éviter ce piège, a conclu Ann Harrison.

« Rompre avec plus de 40 années de violations des droits humains relevant d’une pratique bien établie nécessitera du courage, de la volonté politique et des mesures efficaces.

« Après des décennies de répression féroce et des mois de conflit destructeur, les Syriens veulent et méritent un État fondé sur le respect des droits humains et la primauté de la loi. »

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