Un an après l’émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d’arrêt contre deux hommes soupçonnés de crimes de guerre au Darfour, des organisations de défense des droits humains du monde entier lancent le 27 avril une campagne intitulée Justice pour le Darfour, appelant à l’arrestation des deux suspects.
Les organisations à l’origine de cette campagne, parmi lesquelles Amnesty International, l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme (CIHRS), la Coalition pour la Cour pénale internationale, Human Rights First, Human Rights Watch et l’Organisation du Soudan contre la torture ont joint leurs efforts pour appeler le Conseil de sécurité des Nations unies, les organisations régionales et les gouvernements à faire pression sur le Soudan pour qu’il coopère avec la CPI.
La CPI enquête sur les crimes commis dans la région, suite à la décision prise il y a trois ans par le Conseil de sécurité des Nations unies de déférer la situation au Darfour à la CPI. Il y a un an – le 27 avril 2007 – la CPI a émis deux mandats d’arrêt contre l’ancien ministre de l’Intérieur du Soudan Ahmad Harun et contre le chef Janjawid Ali Kushayb qui font face à 51 chefs d’accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les deux hommes – qui sont accusés de persécution, viols et homicides de civils dans quatre villages du Darfour occidental – sont toujours en liberté.
« Les milliers de personnes victimes de meurtre, de viol et de persécution au Darfour méritent que justice leur soit rendue, a déclaré Dismas Nkunda, co-président de Consortium pour le Darfour, un groupe d’ONG d’Afrique et du Moyen Orient. Au lieu de cela, elles n’ont eu que mépris de leur propre gouvernement et des paroles vides de la communauté internationale. Il est temps que cela change. »
Le gouvernement soudanais a publiquement à plusieurs reprises refusé de livrer Ali Kushayb et Ahmad Harun à la Cour. Au lieu de cela, Ahmad Harun a été promu ministre d’État aux affaires humanitaires, responsable de l’assistance aux victimes des crimes mêmes qui lui sont reprochés. En plus du pouvoir considérable dont il dispose sur les opérations humanitaires, il est responsable de la liaison avec la force internationale de maintien de la paix (UNAMID) chargée de protéger les civils contre de tels crimes. L’autre suspect, Ali Kushayb, était en détention au Soudan, inculpé d’autres chefs d’accusation que ceux figurant sur les mandats de la CPI au moment où ces mandats ont été émis, mais en octobre le gouvernement a annoncé qu’il avait été libéré « faute de preuve ».
« Le gouvernement soudanais a fait preuve d’un mépris flagrant envers l’autorité du Conseil de sécurité et pour les victimes de sa brutalité, a déclaré Richard Dicker, directeur du programme Justice internationale à Human Rights Watch. Jusqu’ici, le Soudan n’a subi aucune conséquence de son rejet impudent de l’autorité de la Cour et du Conseil. »
Les membres de Justice pour le Darfour demandent instamment au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter une résolution appelant le Soudan à coopérer pleinement avec la CPI et à procéder immédiatement à l’arrestation d’Ahmad Harun et Ali Kushayb et à les remettre à la Cour.
« Il est temps à présent pour le Conseil de sécurité d’agir afin d’assurer que les deux hommes soient arrêtés et remis à la CPI sans plus de délai. C’est une première étape essentielle pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs des crimes atroces commis à grande échelle au Darfour », a déclaré Christopher Hall, conseiller juridique du projet Justice internationale à Amnesty International.
Le groupe a également appelé l’Union européenne, fervent soutien de la Cour, qui a joué un rôle clé dans le renvoi de la situation au Darfour devant le procureur de la CPI, à faire pression sur le Soudan pour qu’il coopère avec la CPI et exécute les mandats d’arrêts. Le groupe a également demandé aux autres États et organisations régionales de faire de même.
« Avec la campagne Justice pour le Darfour, les organisations travailleront ensemble pour faire le plus de pression possible sur la communauté internationale pour qu’elle honore son engagement et que justice soit rendue aux victimes de ces crimes », a déclaré Moataz El Fegiery, directeur exécutif de l’Institut du Caire pour les droits de l’homme.
Note aux rédactions :
Les organisations suivantes ont rejoint la campagne Justice pour le Darfour :
Action des chrétiens pour l’abolition de la torture – France
Aegis Trust
Amnesty International
Centre arabe pour l’indépendance des juges et des avocats (ACIJLP)
Centre des droits de l’homme de Bahreïn (Bahrain Centre for Human Rights)
Société des droits de l’homme de Bahreïn (Bahrain Human Rights Society)
Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme (CIHRS)
Centre pour la paix, la consultation juridique te l’assistance psychosociale – Vukovar
Civil Resource Development and Documentation Centre – Nigéria
Coalition pour la Cour pénale internationale
Collectif Urgence Darfour
Consortium pour le Darfour
Darfur Union UK
Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme
Human Rights First
Human Rights Watch
International Criminal Court Student Network UK
Kalangala District NGO Forum
Land Center for Human Rights
League of Human Rights
Prepared society Kenya
Recherches et Documentation Juridiques Africaines
Save Darfur Canada
Society for Threatened Peoples International (Association pour les peuples menacés)
Socio-Economic Rights & Accountability Project
Students Taking Action Now : Darfur – Canada
Sudan organization against torture (Organisation du Soudan contre la torture)
UN Watch
Waging Peace
Pour plus d’informations sur la campagne Justice pour le Darfour, voir http://www.justice4darfur.org/