En réaction aux conclusions du rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, à l’issue de sa visite au Sri Lanka du 10 au 14 juillet 2017, David Griffiths, conseiller spécial sur l’Asie du Sud à Amnesty International, a déclaré :
« Les conclusions du rapporteur spécial dévoilent à quel point les autorités sri-lankaises ont négligé leurs responsabilités en termes de droits humains sous couvert de lutte contre le terrorisme.
« Elles se sont cachées derrière la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA) pour commettre toute une série de violations très préoccupantes.
Prisonniers oubliés croupissant en prison depuis des années sans avoir été jugés, torture endémique et communautés entières persécutées et harcelées : ce rapport doit servir de catalyseur pour des changements de fond.
« Les autorités doivent commencer par abroger la Loi relative à la prévention du terrorisme et la remplacer par une loi qui soit conforme aux normes internationales relatives aux droits humains. En outre, pour que le pays puisse véritablement aller de l’avant, les responsables présumés de graves violations, quel que soit leur camp, doivent être déférés à la justice. »
Complément d’information
Voici les principales conclusions du rapporteur spécial de l’ONU :
* Les personnes arrêtées au titre de la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA) sont maintenues en détention sans jugement pendant des années et celles qui ont été jugées ont pour la plupart été déclarées coupables sur la seule base d’aveux sans doute obtenus sous la torture par des policiers.
* L’usage de la torture est si répandu et si généralisé qu’il justifie de réexaminer la validité de toutes les condamnations prononcées jusqu’ici au titre de la PTA lorsque les poursuites se sont surtout fondées sur des « aveux » faits à la police.
* Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sri Lanka, des communautés entières ont été persécutées – harcèlement et arrestations et détentions arbitraires notamment – et en particulier les Tamouls.
Parallèlement, le gouvernement n’a pas fait grand-chose pour amener les responsables présumés de violations flagrantes des droits humains perpétrées pendant et après le conflit à rendre des comptes.