Le Yémen doit cesser de recourir à la force meurtrière alors que de nouvelles manifestations s’annoncent

11 mai 2011

Amnesty International exhorte les autorités yéménites à cesser de recourir sans raison à la force meurtrière contre des manifestants antigouvernementaux, après que les forces de sécurité eurent ouvert le feu mercredi 11 mai sur des cortèges dans la capitale, Sanaa, et dans la ville de Taizz, tuant au moins deux personnes.

L’organisation a lancé cet appel en amont de défilés devant avoir lieu entre le camp des manifestants, près de l’université de Sanaa, et le palais présidentiel.

Selon les chiffres les plus récents dont dispose Amnesty International, plus de 145 personnes ont été tuées au Yémen au cours des quelques mois écoulés, marqués par les manifestations appelant au départ du président Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

« Il faut immédiatement empêcher les forces de sécurité yéménites de tirer à balles réelles sur des manifestants non armés », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Le gouvernement yéménite doit permettre aux citoyens d’exprimer des doléances légitimes sans avoir à craindre d’être brutalisés ou tués. Il doit par ailleurs veiller à ce que justice soit faite pour toutes les personnes exécutées de manière extrajudiciaire alors qu’elles exerçaient leur droit à manifester pacifiquement. »

Des témoins ayant assisté à la scène à Sanaa ont déclaré à Amnesty International qu’un homme avait été tué mercredi 11 mai lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants, qui se dirigeaient vers le bâtiment abritant le Conseil des ministres. Des dizaines d’autres auraient été blessés.

D’après les informations reçues, les forces de sécurité ont également abattu une personne à Taizz le 11 mai. Des dizaines d’autres personnes ont blessées par les tirs.

À Taizz, un témoin a dit à Amnesty International que les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants non violents prenant la direction de bâtiments gouvernementaux en ville, tuant au moins huit personnes en quatre jours, dont celle abattue le 11 mai.

En mars, le Parlement yéménite a adopté une loi d’urgence octroyant aux forces de sécurité des pouvoirs étendus en matière d’arrestation, sans que celles-ci ne soient tenues de respecter la législation relative à la procédure pénale, et imposant de lourdes restrictions concernant la tenue de réunions publiques, susceptibles d’être utilisées pour interdire les manifestations.

Cette loi d’urgence accorde également aux autorités le pouvoir de suspendre, saisir et confisquer « tous les médias […] et moyens d’expression ».

Pour en savoir plus

Les exigences de changement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (page spéciale)

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