Les militants s’apprêtent à saturer des fax pour soutenir une communauté de paix colombienne

Des milliers de manifestants s’apprêtent à inonder le président colombien, Juan Manuel Santos, de fax l’appelant instamment à améliorer la protection d’une communauté installée dans le nord-ouest du pays, sept ans après le massacre qui a coûté la vie à plusieurs de ses membres, dont quatre enfants.

L’opération de saturation des fax, organisée par Amnesty International, marque la date anniversaire du massacre, en 2005, de huit membres de la communauté de paix de San José de Apartadó et met en évidence les menaces et les attaques incessantes auxquelles doit faire face cette communauté.

Le 21 février 2005, des paramilitaires agissant avec les forces armées colombiennes ont sauvagement tué le porte-parole de la communauté, Luis Eduardo Guerra, ainsi que sept autres personnes parmi lesquelles se trouvaient quatre enfants.

Au moins quelques-uns des paramilitaires concernés ont fait l’objet d’une enquête et ont été traduits en justice. Au sein des forces armées, en revanche, une seule personne a été condamnée pour ces faits à l’heure actuelle. Les membres de la communauté sont en permanence la cible de menaces et d’attaques de la part des forces de sécurité, des paramilitaires agissant avec elles, ainsi que des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

« Il est choquant de constater que, sept ans après le massacre qui a eu lieu en 2005 à San José de Apartadó, les autorités n’ont toujours pas mené d’enquête approfondie sur ces faits ni sur les dizaines d’autres meurtres dont ont été victimes des membres de la communauté, et qu’elles n’ont toujours pas traduit les responsables en justice », a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Nous appelons les gens du monde entier à se joindre à nous pour demander au président colombien, Juan Manuel Santos, de mettre un terme à cette impunité et de faire en sorte que les membres de cette communauté puissent continuer de refuser de prendre part au conflit actuel, sans pour autant avoir à craindre des menaces et des attaques. »

Le 23 mars 1997, des paysans vivant autour du village de San José de Apartadó, dans le département d’Antioquia (nord-ouest de la Colombie), se sont rassemblés pour établir une « communauté de paix » appliquant un principe de non-violence et défendant le droit de ses membres à ne pas se laisser entrainer dans le conflit armé qui sévit depuis longtemps dans le pays.

Depuis sa création, la communauté a grandi – elle rassemble désormais plus de 1 350 habitants – et a subi de nombreuses attaques et manœuvres d’intimidation de la part de toutes les parties au conflit.

Plus de 170 membres de la communauté et d’autres civils vivant dans la région ont été tués ou victimes de disparition forcée, alors que d’autres ont été menacés ou agressés sexuellement.

Des groupes paramilitaires, agissant souvent avec la complicité de l’armée régulière de Colombie, qui considère les villageois comme des éléments subversifs, sont responsables de la plupart des homicides. Des mouvements de guérilla armés ont également tué des membres de la communauté.

Pas plus tard que le 4 février 2012, un membre de la communauté a été la cible de coups de feu tirés par des paramilitaires opérant dans la région.

Deux paramilitaires à moto ont ouvert le feu sur Jesús Emilio Tuberquia, le représentant légal de la communauté de paix, à Apartadó. Il a échappé aux tirs, qui ont eu lieu à une centaine de mètres seulement d’un poste de contrôle de ma police.

L’attaque a eu lieu quelques jours à peine après que des forces de l’armée colombienne sont entrées dans plusieurs petits villages de la communauté et ont détruit les cultures, détenu un habitant et menacé d’en « exterminer » d’autres. Encore quelques jours auparavant, des paramilitaires avaient proféré des menaces semblables contre des membres de la communauté de paix vivant près de là.

« Il faut que les autorités colombiennes fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin aux attaques et aux actes d’intimidation incessants contre la communauté de paix de San José de Apartadó », a déclaré Susan Lee.

« Les membres de la communauté doivent recevoir une protection conforme à leurs souhaits. »

L’action pour la saturation des fax en faveur de la communauté de San José de Apartadó – du 21 au 27 février - est la deuxième action de ce type lancée récemment par Amnesty International.

En janvier, l’organisation a organisé une campagne visant à inonder le Bureau de la procureure générale du Guatemala de fax réclamant une meilleure protection pour une défenseure des droits humains de premier plan.

Norma Cruz avait reçu de nombreuses menaces de mort en raison de son action pour la défense des femmes et des filles exposées à la violence.

Le lendemain du lancement de l’action, Norma Cruz a reçu un appel de la Commission présidentielle consultative sur les droits humains qui lui a posé des questions sur sa sécurité. La personne qui téléphonait a mentionné la campagne d’Amnesty International.

« Quand le monde a pris la défense de Norma Cruz, les autorités guatémaltèques ont réagi et ont prêté l’oreille. Maintenant, nous espérons que le président colombien va faire de même et agir pour protéger les habitants de San José de Apartadó », a déclaré Susan Lee.

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