Liban. La situation des milliers de réfugiés pris en étau dans les affrontements violents est préoccupante.

Déclaration publique

MDE 18/005/2007

Amnesty International est vivement préoccupée par la situation des milliers de civils qui sont toujours dans le camp de réfugiés de Nahr el Bared, près de Tripoli, dans le nord du Liban.

Le danger est grand pour ces réfugiés palestiniens vivant depuis longtemps au Liban qui se retrouvent en plein cœur des combats entre le groupe armé Fatah al Islam et les soldats de l’armée libanaise qui encerclent le camp.

La plupart des 30 000 habitants ont profité d’une accalmie dans les combats la semaine dernière pour s’enfuir, mais selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), il resterait de 3 000 à 5 000 personnes dans le camp. Parmi elles se trouveraient des centaines de personnes âgées, d’handicapés et d’enfants ne pouvant pas ou ne souhaitant pas partir. Ces personnes sont en danger non seulement en raison des combats mais aussi du manque de nourriture, d’eau et d’électricité et de l’impossibilité de recevoir des soins médicaux : il ne reste qu’un médecin généraliste à l’intérieur du camp. Une des personnes avec qui Amnesty International s’est entretenue, Milad, civil resté dans le camp, a lancé un appel urgent le 2 juin pour demander des médicaments, en particulier pour les personnes atteintes de diabète, de problèmes cardiaques et de troubles nerveux.

En plus de 44 soldats de l’armée libanaise et de dizaines de combattants du Fatah al Islam, au moins 27 civils ont été tués. Le camp a essuyé des tirs d’artillerie nourris et prolongés qui semblent dans certains cas avoir été tirés sans discrimination.

Le 22 mai, lors d’un cessez-le-feu temporaire, un convoi d’aide de l’UNRWA a été pris pour cible alors qu’il entrait dans le camp de Nahr al Bared ; des milliers de réfugiés palestiniens étaient rassemblés autour des camions pour obtenir de la nourriture, des médicaments et de l’eau : deux civils ont été tués et au moins dix autres blessés. Le même jour, un minibus transportant une vingtaine de civils fuyant le camp en allant vers le sud a essuyé des tirs alors qu’il s’approchait d’un poste de contrôle de l’armée libanaise. Le conducteur, Nayf Selah Selah, et une femme enceinte, Munha Abu Radi, ont été tués.

Des centaines d’habitations, plusieurs mosquées, un grand réservoir d’eau, le cimetière et d’autres biens civils dont, selon certaines informations, deux abris, ont été gravement endommagés. Des membres de la famille Gheneym, déplacés une deuxième fois en même temps que 20 000 autres habitants de Nahr al Bared, ont déclaré à Amnesty International la semaine dernière que pendant plusieurs jours avant de prendre la fuite ils avaient été 80 à devoir quotidiennement se partager, en moyenne, dix tranches de pain sans levain.

Alors que le conflit continue, des affrontements ont éclaté dans la nuit du 3 juin à Ein al Hilweh, dans le sud du Liban, entre l’Armée libanaise et des militants du Jund al Sham liés au Fatah al Islam. Deux soldats et deux membres du Jund al Sham auraient été tués et au moins deux civils blessés pendant ces combats.

L’armée libanaise a indiqué que le Fatah al Islam avait tiré des grenades depuis une mosquée. Elle a ajouté qu’elle n’avait pas riposté.

Amnesty International exhorte toutes les parties impliquées, et celles qui peuvent avoir une influences sur elles, à faire tout leur possible pour réduire les risques pour les civils. L’organisation demande aux deux parties de veiller à ce que les civils qui se trouvent dans le camp soient protégés. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour que les civils puissent quitter le camp en toute sécurité s’ils le souhaitent. Les agences humanitaires internationales devraient être autorisées à venir en aide aux personnes qui restent dans le camp et à celles qui veulent en partir. Toutes les parties au conflit doivent veiller à la sécurité des civils.

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