« Au Liban, où la crise économique catastrophique a fait basculer plus de 80 % de la population dans la pauvreté, les politiques gouvernementales à courte vue portent depuis longtemps préjudice aux Libanais et Libanaises, qui n’ont plus accès à des médicaments vitaux ou n’ont plus les moyens de les acheter, a déclaré Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Si le service téléphonique dédié aux plaintes liées aux prix des médicaments annoncé par le ministère de la Santé publique est une avancée dans la bonne direction, les autorités doivent toutefois veiller à lui allouer les ressources nécessaires afin qu’il puisse fonctionner efficacement et à amener les personnes soupçonnées surfacturation à rendre des comptes.
« Le ministère doit partager les informations quant au nombre d’appels reçus par le service téléphonique et révéler les mesures prises contre les pharmacies augmentant les prix. Le champ d’action du service téléphonique pourrait également être élargi afin d’inclure d’autres plaintes concernant les médicaments, notamment la vente de médicaments périmés ou de contrefaçon.
« Le gouvernement doit prendre de toute urgence d’autres mesures pour faire face à l’ampleur de la crise sanitaire au Liban et veiller à ce que les soins de santé aient un coût abordable. Il doit augmenter le budget dédié aux centres de soins de santé primaires, renforcer les programmes d’aide sociale et mettre en œuvre des réformes économiques et financières depuis longtemps nécessaires à la protection des droits humains. »
Complément d’information
Le 6 mars 2023, le ministre de la Santé publique a annoncé le lancement de deux systèmes destinés à faire face à l’indisponibilité et au prix excessif des médicaments : d’une part MediTrack, un système informatique destiné à combattre la rétention et le trafic de médicaments contre le cancer et d’autres maladies incurables, et d’autre part un service téléphonique permettant de signaler les pharmacies vendant des médicaments à des prix supérieurs à ceux fixés par le gouvernement.
L’incapacité du gouvernement à gérer la crise économique a fait basculer au moins 80 % de la population dans la pauvreté et a entraîné une crise sanitaire catastrophique. Le prix de la plupart des médicaments est devenu prohibitif lorsque les autorités ont cessé de les subventionner en 2019.
Le gouvernement n’a en outre pas assuré une protection sociale suffisante pour atténuer l’impact de la crise économique sur l’accès aux soins de santé et d’autres droits essentiels. Les centres de soins de santé primaires, qui manquent cruellement de fonds, sont maintenant la seule possibilité, en dehors des établissements privés, d’obtenir des médicaments gratuitement ou à un prix abordable.