Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent immédiatement libérer 17 militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) arbitrairement arrêtés, et mettre fin aux atteintes répétées à la liberté de manifestation pacifique, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Le 19 avril au matin, la police de la ville de Goma (Est de la RDC) a réprimé une manifestation pacifique de Lucha qui visait à exiger de la Banque Centrale du Congo des mesures pour permettre à des milliers de clients d’une banque commerciale et de plusieurs coopératives de microfinance en difficulté financière de recouvrer leurs épargnes.
La police a alors arrêté 17 militants dont trois femmes, qu’elle a par la suite transférés au parquet près le tribunal de paix de Goma, où une amende transactionnelle leur est demandée en échange de leur libération éventuelle et qu’ils ont refusé de payer. Le parquet les accuse d’incitation à la révolte.
« Nous demandons aux autorités congolaises de libérer immédiatement et sans conditions les 17 militants de Lucha détenus à Goma et de mettre fin aux atteintes répétées à la liberté de manifestation pacifique, » a déclaré Christian Rumu, chargé de campagnes pour l’Afrique des Grands-Lacs à Amnesty International.
L’amende transactionnelle est une peine prévue par la loi congolaise, qui en fixe également les modalités. Elle a pour but d’éviter des procès à certaines personnes qui auraient commis des infractions jugées "bénignes". Or, en l’occurrence, le parquet ne peut pas établir que les activistes de la Lucha ont commis quelque infraction à la loi pour justifier une quelconque amende, ou même leur arrestation et leur détention actuelle.
En RDC, les magistrats ont souvent eu recours à l’amende transactionnelle de manière abusive, comme un moyen de soutirer de l’argent aux citoyens pour lesquels il n’existe aucun motif sérieux de poursuites.
« L’amende transactionnelle ne doit pas devenir un moyen pour la justice congolaise de marchander la liberté pour des citoyens qui sont arrêtés arbitrairement, en exerçant des libertés consacrées par la constitution de leur pays et le droit international, » a déclaré Christian Rumu.
Amnesty International a vu le document attestant que les autorités ont été régulièrement informées par les organisateurs de la manifestation pacifique conformément à la loi congolaise.
La semaine derrière, 32 militants et trois autres personnes avaient été arrêtés lors d’une manifestation pourtant pacifique ayant les mêmes objectifs, mais réprimée par la police. Ils ont été libérés après plusieurs heures de détention dans un commissariat de police à Goma. Aucune enquête n’a été ouverte par les autorités policières ou judiciaires sur l’usage excessif de la force par les policiers accusés d’avoir battu des militants et agressé physiquement des journalistes qui couvraient la manifestation, en dépit des appels du mouvement citoyen et de l’organisation Journalistes En Danger (JED).