Libye. La découverte de nouvelles mines représente une menace pour les civils

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

25 mai 2011

Amnesty International met en garde contre le fait que des mines antipersonnel pourraient être disséminées dans la ville côtière de Misratah, en Libye, de nouveaux éléments venant prouver que les forces du colonel Mouammar Kadhafi en ont placé dans des zones résidentielles au cours des combats qu’elles ont menés contre les forces de l’opposition.

L’équipe d’Amnesty International à Misratah a appris que plus de 20 mines antipersonnel hautement explosives avaient été découvertes la semaine dernière dans un quartier résidentiel, situé au sud-est du centre-ville, suite à l’explosion accidentelle de deux d’entre elles provoquée par le passage d’une voiture. Le véhicule a été immobilisé, mais personne n’a été blessé.

Les forces de l’opposition contrôlent désormais Misratah, après des semaines de combats de rues et de bombardements opérés par les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi.

« La découverte de ces engins mortels rend d’autant plus difficile le retour des familles de Misratah qui ont été déplacées par le conflit. On craint vivement que d’autres mines ne soient découvertes dans la ville, a indiqué Donatella Rovera, conseillère d’Amnesty International.

« Sous le coup d’une interdiction à l’échelon international, les mines antipersonnel ne doivent plus être utilisées, où que ce soit ni quelles que soient les circonstances. Le fait que ces mines aient été déposées dans un quartier résidentiel montre que les forces de Kadhafi avaient l’intention délibérée de s’en prendre aux civils. Il s’agit pour le moins d’une violation flagrante de l’interdiction de procéder à des attaques aveugles », a-t-elle ajouté.

Les mines, en plastique de couleur sable, ont été enterrées au hasard quelques centimètres sous la surface d’une route de terre reliant une maison, qui avait servi de base aux forces de Kadhafi, à la route principale.

Lors des fouilles, on a déterré au moins 20 mines aux deux extrémités de cette route. Il a fallu explorer à la main les secteurs concernés, les détecteurs de métaux n’étant pas capables de localiser ce type de mines antipersonnel. En effet, elles sont en plastique et ne contiennent presque aucune pièce métallique, ce qui rend les recherches d’autant plus difficiles et dangereuses.

C’est la deuxième fois qu’il est prouvé que les forces du colonel Kadhafi ont eu recours aux mines antipersonnel dans des zones d’habitation ou à proximité. Au mois de mars, le même type de mines avait été découvert en périphérie d’Ajdabya, dans l’est du pays.

Outre les mines antipersonnel, des munitions n’ayant pas explosé continuent d’être récupérées dans Misratah. Ces munitions jonchent encore certains quartiers de la ville et représentent un danger pour la population locale.

« Les forces loyales au colonel Kadhafi doivent immédiatement cesser d’utiliser des mines terrestres. Si elles ont placé des mines dans des zones d’où elles se sont récemment retirées et dont elles ont perdu le contrôle, les autorités de Tripoli doivent communiquer leur localisation sans plus attendre afin qu’elles puissent être neutralisées en toute sécurité, a affirmé Donatella Rovera.

« Les représentants du gouvernement libyen responsables de crimes de guerre ne doivent pas se bercer de l’illusion qu’ils pourront échapper à la justice de la Cour pénale internationale ».

Le chef militaire responsable du camp où sont actuellement stockées les mines antipersonnel découvertes a indiqué à Amnesty International qu’ils attendaient l’aide internationale pour les détruire.

Complément d’information

La Libye n’a pas ratifié la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, pas plus que le Protocole sur les prohibitions ou restrictions de l’emploi de mines, pièges ou autres dispositifs (Protocole II).

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit