MALAISIE : Des prisonniers d’opinion libérés

Index AI : ASA 28/016/2003

Lundi 2 juin 2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Dimanche 1er juin 2003, en Malaisie, trois prisonniers d’opinion ont été remis en liberté après avoir été incarcérés en application de la draconienne Loi relative à la sécurité intérieure. L’ordonnance de placement en détention prise en vertu de cette Loi a par ailleurs pris fin pour un quatrième détenu ; d’autres chefs d’inculpation ayant été retenus contre lui, il est toutefois maintenu en détention.

Saari Sungib est reparti libre, tandis que Tian Chua et Hishamuddin Rais ont été transférés et maintenus en détention dans l’attente de leur mise en liberté sous caution : d’autres chefs d’inculpation pesaient sur eux, principalement liés à leur participation à des « rassemblements illégaux ». Mohd Ezam Nor, reconnu coupable en vertu de la Loi relative aux secrets d’État, purge actuellement une peine de deux ans d’emprisonnement. Amnesty International considère que ces quatre hommes ont été arrêtés en avril 2001 pour des motifs politiques, à savoir leur critique virulente de la politique gouvernementale.

L’organisation de défense des droits humains s’est félicitée de ces libérations et a rendu hommage au courage et à la détermination dont ont fait preuve les détenus, leurs amis et leurs proches. Depuis l’arrestation de ces quatre hommes il y a plus de deux ans, des membres d’Amnesty International du monde entier, ainsi que des militants malaisiens et des groupes de solidarité internationale, ont fait campagne pour obtenir leur remise en liberté.

« Nous nous réjouissons de ces libérations, tout en soulignant le caractère illégitime que revêt tout placement en détention au titre de l’actuelle Loi relative à la sécurité intérieure. Ces quatre hommes ont passé plus de deux ans derrière les barreaux, séparés de leur famille, sans jamais comparaître devant un tribunal », a déclaré l’organisation de défense des droits humains.

En outre, Amnesty International a exprimé son inquiétude concernant le fait que le maintien en détention de Tian Chua, Hishamuddin Rais et Mohd Ezam Nor repose sur des chefs d’inculpation utilisés de manière sélective et liés à l’exercice de leur liberté d’expression et d’association. Par ailleurs, l’organisation de défense des droits humains a demandé la remise en liberté de Lokman Adam et Badrulamin Bahron, interpellés en avril 2001 pour les mêmes motifs ; leur ordonnance de placement en détention pour deux ans prend fin le 12 juin 2003.

« La Loi relative à la sécurité intérieure doit être abrogée ou modifiée afin de respecter les droits humains et les libertés fondamentales, notamment le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifiques, ainsi que le droit à un procès équitable et public, a affirmé Amnesty International, avant d’ajouter :

« La Loi relative à la sécurité intérieure est un exemple affligeant de ce qui peut se produire lorsque les États favorisent la sécurité au détriment des droits humains. »

Plus de 70 personnes sont toujours incarcérées au titre de la Loi relative à la sécurité intérieure, sans avoir été jugées ni même inculpées.

Informations générales

Depuis des décennies, la législation sur la sécurité en Malaisie, et en particulier la Loi relative à la sécurité intérieure, suscite de vives critiques au niveau international. Ce texte bafoue les normes relatives aux droits humains internationalement reconnues et est utilisé contre des personnes exprimant de manière pacifique leurs convictions religieuses et politiques. Au titre de cette loi, qui permet d’arrêter un suspect sans mandat et de le placer en détention pour une durée indéterminée en dehors de toute procédure judiciaire, des centaines de personnes ont passé des années - voire des décennies - derrière les barreaux, sans même comparaître devant un tribunal. Soumises au placement à l’isolement, à la détention au secret ou à des techniques d’interrogatoires agressifs, certaines de ces personnes ont été victimes de mauvais traitements physiques et psychologiques, s’apparentant parfois à des actes de torture.

Parmi les personnes arrêtées en vertu de la Loi relative à la sécurité intérieure figurent des militants d’opposition, des cinéastes, des étudiants, des « terroristes » présumés, des travailleurs, des responsables de la société civile et des théologiens. Plus d’une quarantaine de personnes ont été arrêtées au titre de cette loi en 2002. Plus de 4 000 personnes ont été placées en détention en vertu de cette loi depuis le début des années 1960.

Pour en savoir plus, veuillez consulter les documents suivants :

http://web.amnesty.org/library/index/fraasa280142003
http://web.amnesty.org/library/index/fraasa280102002
http://web.amnesty.org/library/index/fraasa280052002
http://web.amnesty.org/library/index/fraasa280012002

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