Communiqué de presse

Malaisie. Il faut libérer les militants arrêtés à la suite du revirement du gouvernement concernant les lois répressives

La Malaisie doit mettre fin à ses manœuvres répressives au lendemain des élections et libérer un membre du Parlement et des opposants politiques arrêtés au titre de la loi répressive relative à la sédition, a déclaré Amnesty International jeudi 23 mai 2013.

Les militants de l’opposition Tian Chua (député), Ibrahim Harris et Tamrin Ghafar ont été interpellés à Kuala-Lumpur le 23 mai en vertu de la Loi relative à la sédition, que le gouvernement avait pourtant promis d’abroger en 2012.

L’étudiant militant Adam Adli a été inculpé au titre de cette loi d’avoir appelé à manifester dans la rue contre les soupçons de fraude électorale lors du scrutin du 5 mai.

En outre, 18 jeunes militants ont été arrêtés dans la soirée du 22 mai à Penang, parce qu’ils avaient organisé une veillée à la bougie pour Adam Adli, arrêté le 18 mai.

« Le gouvernement malaisien doit cesser de recourir à la Loi relative à la sédition, archaïque, et aux dispositions répressives du Code pénal dans le but de museler le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, a protesté Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-pacifique d’Amnesty International.

« Les autorités doivent libérer toutes les personnes placées en détention uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs convictions politiques ou leurs opinions dissidentes. »

La police a pris pour cible Adam Adli, parce qu’il aurait fait des remarques sur la fraude électorale lors d’un rassemblement public le 13 mai. Tian Chua, Ibrahim Harris et Tamrin Ghafar sont retenus depuis le 23 mai dans l’attente de leur audience de demande de remise en liberté, qui doit avoir lieu dans la matinée du 24 mai.

Adam Adli a été arrêté à Kuala-Lumpur le 18 mai, 13 jours après l’élection générale la plus serrée de toute l’histoire de la Malaisie.

Il a été inculpé et libéré sous caution le 23 mai, dans l’attente d’une audience prévue le 2 juillet. S’il est reconnu coupable de sédition, il encourt trois ans d’emprisonnement et une amende de 5 000 ringgits malais (1 270 euros environ).

À plusieurs reprises, Amnesty International a fait part aux autorités malaisiennes de ses préoccupations concernant la Loi relative à la sédition et la façon dont elle est appliquée pour réprimer la contestation politique.

En 2012, le Premier ministre Najib Tun Razak, dont le parti a remporté l’élection, a annoncé que son gouvernement abrogerait cette loi, symbole d’une « époque révolue ».

« Plutôt que d’abolir cette loi répressive comme promis, le gouvernement s’en sert contre les manifestants pacifiques », a estimé Isabelle Arradon.

La Loi relative à la sédition érige en infraction toute une série d’actes, notamment les actes ayant tendance à inciter au mécontentement envers ceux qui exercent le pouvoir ou envers le gouvernement, ou le fait de « remettre en cause un sujet » protégé par la Constitution.

Les 18 militants arrêtés dans la soirée du 22 mai, dont trois ont affirmé avoir été frappés par la police, ont été placés en détention pour « réunion illégale », au titre des dispositions répressives du Code pénal dont les autorités malaisiennes se servent régulièrement contre les manifestants. Au moins l’un d’entre eux a moins de 18 ans.

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