Malaisie. Il faut mettre fin aux atteintes aux droits humains subies par les travailleurs migrants

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI - 24 mars 2010

Les autorités malaisiennes doivent prendre des mesures pour mettre fin aux atteintes aux droits humains que subissent les travailleurs migrants, qui représentent plus de 20 % de la main-d’œuvre du pays, sur leur lieu de travail et aux mains de policiers, a souligné Amnesty International dans un rapport publié ce mercredi 24 mars.

Intitulé Trapped : The Exploitation of Migrant Workers in Malaysia, ce document fait état des nombreuses atteintes aux droits humains dont sont victimes les travailleurs migrants originaires de huit pays d’Asie du Sud et du Sud-Est, qui sont attirés vers la Malaisie par la promesse d’un emploi mais se retrouvent utilisés pour le travail forcé ou exploités d’une autre façon.

« Les travailleurs migrants sont indispensables à l’économie de la Malaisie, mais leur protection juridique est systématiquement inférieure à celle des autres travailleurs, a déclaré Michael Bochenek, auteur du rapport et directeur des politiques à Amnesty International. Ce sont des proies faciles pour les recruteurs et employeurs peu scrupuleux et les policiers corrompus ».

Ces migrants, souvent originaires du Bangladesh, de l’Indonésie ou du Népal, sont contraints à travailler dans des conditions dangereuses, souvent contre leur gré, pendant au moins 12 heures par jour. Beaucoup sont soumis à des violences verbales, physiques et sexuelles.

La plupart paient d’importantes sommes d’argent à des agents de recrutement pour obtenir des emplois, des permis de travail et des formations. Une fois arrivés, ils s’aperçoivent souvent que la majeure partie de ce que leur avait dit leur agent sur leur nouvel emploi est faux – le salaire, le type de travail, l’existence même de cet emploi ou leur statut au regard de la loi en Malaisie.

La majorité de ces travailleurs ont contracté des prêts à des taux d’intérêt exorbitants et n’ont tout simplement pas les moyens de retourner dans leur pays. Certains sont dans des situations proches de l’esclavage.

Presque tous les employeurs confisquent les passeports de leurs employés, ce qui les expose au risque d’être arrêtés et, en pratique, les empêche de quitter des lieux de travail où leurs droits sont bafoués. Les pratiques coercitives comme celle-ci sont des indicateurs du travail forcé.

La législation du travail n’est pas appliquée dans les faits, et les juridictions du travail peuvent mettre des mois, voire des années, pour statuer sur une affaire. Pour les employés de maison, qui ne sont pas couverts par la plupart des dispositions du droit du travail, le recours aux tribunaux n’est généralement pas possible.

« La Malaisie peut et doit faire mieux pour ses travailleurs. Chacun, quelle que soit sa situation au regard de la législation sur l’immigration, a droit à des conditions de travail sûres et équitables et à l’égalité de traitement devant la loi », a précisé Michael Bochenek.

Le rapport d’Amnesty International conclut que de nombreux travailleurs sont victimes de la traite des personnes. L’État malaisien a le devoir d’empêcher ces atteintes aux droits humains, mais il facilite au contraire la traite par sa réglementation laxiste des activités des agents de recrutement et par ses lois et politiques qui ne protègent pas les travailleurs.

Par ailleurs, Amnesty International a été informée de plus d’une dizaine de cas, entre 2006 et 2009, dans lesquels les autorités malaisiennes ont livré des migrants détenus à des trafiquants agissant à la frontière thaïlandaise.

La Malaisie inflige des sanctions pénales sévères et excessives – parfois des peines de bastonnade – aux migrants qui travaillent sans permis en bonne et due forme, même lorsque des erreurs de l’employeur sont à l’origine d’infractions à la législation sur l’immigration.

Les rafles publiques de grande ampleur sur les marchés et dans les rues sont fréquentes, de même que les descentes systématiques sans autorisation dans des habitations privées situées dans des quartiers pauvres. Les policiers demandent souvent des pots-de-vin aux migrants. Ceux qui ne peuvent pas payer sont arrêtés et détenus dans des conditions déplorables dans des centres de détention pour immigrés.

« Le gouvernement malaisien doit cesser de considérer ses travailleurs migrants comme des délinquants, et plutôt lutter contre le travail forcé et obligatoire, a ajouté Michael Bochenek. Tant que la législation du travail n’offrira pas une protection efficace et ne sera pas réellement appliquée en Malaisie, l’exploitation continuera ».

Amnesty International a engagé le gouvernement malaisien à réformer sa législation du travail et à enquêter sans délai sur les atteintes aux droits humains commises sur les lieux de travail et par des policiers. La Malaisie doit en outre utiliser plus efficacement sa Loi de lutte contre la traite des personnes pour engager des poursuites contre ceux qui recrutent, transportent ou reçoivent des travailleurs par des moyens frauduleux afin de les exploiter.

Note aux rédacteurs

Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale d’Amnesty International Exigeons la dignité, qui vise à mettre fin aux atteintes aux droits humains qui font sombrer les gens dans la pauvreté et les y maintiennent. Cette campagne encourage les gens dans le monde entier à exiger que les gouvernements, les grandes entreprises et les autres détenteurs du pouvoir écoutent la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté, et reconnaissent et protègent leurs droits.

Pour en savoir plus, consultez le site d’Amnesty en cliquant ici.

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