Communiqué de presse

Malaisie. Un homme risque d’être renvoyé en Arabie saoudite, où il pourrait encourir la peine de mort pour une publication sur Twitter

Les autorités malaisiennes doivent libérer Hamza Kashgari et ne pas le renvoyer de force en Arabie saoudite, où il risque d’être exécuté en raison de messages qu’il a publiés sur Twitter au sujet du prophète Mahomet, a déclaré Amnesty International vendredi 10 février.

Il a été arrêté à l’aéroport de Kuala-Lumpur jeudi matin et emmené par deux hommes en civil. Amnesty International a appelé les autorités à révéler le lieu où il se trouve et à veiller à ce qu’il puisse consulter des avocats. Elles ne l’ont inculpé d’aucune infraction reconnue par la loi.

« Hamza Kashgari risque d’être renvoyé très prochainement en Arabie saoudite, où il pourrait être exécuté si ses déclarations sont jugées comme une forme d’apostasie, a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Amnesty International considère que Hamza Kashgari est un prisonnier d’opinion, puisqu’il est actuellement détenu en Malaisie pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, et elle demande sa libération immédiate et sans condition. »

Hamza Kashgari, né en 1989, a quitté l’Arabie saoudite le 6 février car il était menacé de mort après que des dignitaires religieux influents l’eurent accusé d’apostasie en raison de messages publiés par lui sur Twitter, qu’ils considéraient comme insultants envers le prophète Mahomet.

En Arabie saoudite, l’apostasie est passible de la peine de mort. Le 7 février, le roi de ce pays aurait ordonné à son ministère de l’Intérieur d’arrêter Hamza Kashgari et de l’amener à rendre compte de ses actes pour les déclarations qu’il avait faites. Hamza Kashgari est arrivé à Kuala-Lumpur le même jour et a été arrêté deux jours plus tard, alors qu’il tentait de poursuivre son voyage pour se rendre en Nouvelle-Zélande.

Selon certaines informations parues dans les médias, le ministre malaisien de l’Intérieur a confirmé que les autorités malaisiennes l’avaient arrêté et qu’elles étaient en contact avec celles de l’Arabie saoudite au sujet des prochaines mesures à prendre.

« Les autorités saoudiennes doivent annuler la demande qui a été faite d’arrêter Hamza Kashgari parce qu’il a exercé son droit à la liberté d’expression, et abandonner toute requête formulée auprès de la Malaisie afin qu’il leur soit livré pour ce motif », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui.

Amnesty International a précisé que les autorités malaisiennes répriment la liberté d’expression au moyen de peines d’emprisonnement et d’amendes, mais qu’elles ne pratiquent pas d’exécutions pour le simple exercice pacifique de ce droit.

« Si les autorités malaisiennes livrent Hamza Kashgari à l’Arabie saoudite, elles pourraient se rendre complices de violations qu’il subirait. »


Complément d’information

En Arabie saoudite, une large gamme d’infractions sont passibles de la peine capitale, notamment l’apostasie et la « sorcellerie ». Le fait d’ériger l’apostasie en infraction est incompatible avec le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion inscrit dans l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Bien que la « sorcellerie » ne constitue pas une infraction définie, cette qualification est utilisée en représailles à l’exercice légitime des droits humains, notamment des droits à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de conviction et d’expression. En 2011, deux personnes ont été exécutées pour sorcellerie.

Amnesty International a relevé des cas en Arabie saoudite où des personnes dont les commentaires étaient jugés contraires à l’islam ont été considérées comme apostates et condamnées à mort en tant que telles.

Dans ce pays, les procédures judiciaires sont loin de respecter les normes internationales d’équité des procès. Les accusés sont rarement autorisés à être officiellement représentés par un avocat et, dans bon nombre de cas, ils ne sont pas informés de l’avancée des poursuites engagées contre eux. Ils peuvent être déclarés coupables uniquement sur la base d’« aveux » obtenus sous la contrainte ou par la tromperie.

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