Les autorités maldiviennes doivent garantir que les actions de protestation du 1er mai organisées par l’opposition puissent se dérouler de manière non violente, et les policiers ayant menacé de sévir contre des manifestants doivent s’abstenir de recourir à une force excessive, a déclaré Amnesty International.
Les sympathisants de la coalition d’opposition « Maldiviens contre la tyrannie » prévoient de manifester à Malé, la capitale des Maldives, vendredi 1er mai. Ils demandent la libération de l’ancien président Mohamed Nasheed, emprisonné depuis mars 2015 sur la base de charges de terrorisme, après avoir fait l’objet d’un procès inique. L’opposition estime qu’il est possible que des milliers de personnes prennent part à cette action de protestation, qui pourrait être l’une des manifestations les plus suivies de l’histoire de l’île.
« Les manifestations du 1er mai surviennent alors que les tensions politiques menacent de dégénérer aux Maldives. Les forces de sécurité du pays ont l’habitude inquiétante de réprimer de manière violente les manifestations d’opposition, en particulier ces derniers mois - il ne faut pas que cela soit le cas vendredi 1er mai », a déclaré Abbas Faiz, spécialiste des Maldives à Amnesty International.
« Les Maldiviens ont le droit de faire état de leur exaspération face au gouvernement actuel, notamment en ce qui concerne les procès politiques de Mohamed Nasheed et d’autres responsables de l’opposition. »
Des actions de protestation similaires ont ces dernières semaines donné lieu à une répression dure visant politiciens de l’opposition, journalistes et défenseurs des droits humains. Les autorités doivent garantir que le droit de chacun à manifester pacifiquement soit respecté, et protéger les manifestants de toute tentative violente de perturbation du cours de la manifestation.
Des policiers antiémeutes armés ont organisé des exercices d’entraînement à Malé ces derniers jours, et les autorités ont menacé d’utiliser l’armée et la police pour sévir contre les manifestants s’ils deviennent violents. Un responsable de la police cité par la presse maldivienne a déclaré que la police tiendra les organisateurs responsables de tout ce qui pourrait arriver durant la manifestation même s’ils ne sont pas directement impliqués. Cela est contraire au droit international.
Il y a quelques jours, Amnesty International a publié une synthèse sur les Maldives fournissant des informations sur le recours de la police à une force excessive, notamment des passages à tabac, contre des manifestants soutenant Mohamed Nasheed depuis son arrestation.
Des rassemblements politiques ont par le passé été pris pour cibles par des bandes criminelles travaillant avec la police, ce qui a débouché sur la dispersion par la force d’actions de protestation au prétexte de scènes de violence. Aucune enquête approfondie n’a été menée et personne n’a été traduit en justice pour ces attaques contre des manifestants pacifiques. En prévision de la manifestation du 1er mai, des responsables de l’opposition ont accusé les autorités de donner carte blanche à ces bandes pour attaquer les manifestants à Malé.
« L’impunité généralisée pour les atteintes aux droits fondamentaux de manifestants pacifiques - qu’elles soient perpétrées par les forces de sécurité ou des bandes criminelles qui opèrent semble-t-il avec la bénédiction des autorités - doit cesser. Les autorités doivent prendre au sérieux la responsabilité qui est la leur de protéger des réunions pacifiques et d’amener les responsables de ces attaques à rendre des comptes », a déclaré Abbas Faiz.
Complément d’information
Une synthèse Amnesty International est paru le 23 avril 2015