Malgré la révolution verte, l’avenir du Congo reste sombre

Maintenant que le monde commence à prendre conscience des répercussions du changement climatique sur notre planète, partout des entreprises investissent dans l’énergie verte. Les travaux de recherche innovants visant à substituer les combustibles fossiles par les énergies solaire et éolienne, ou à remplir les autoroutes de voitures électriques pour réduire notre dépendance vis-à-vis du pétrole, ont provoqué la hausse de la demande d’une autre ressource non renouvelable, le cobalt.

Toutes les batteries et piles rechargeables des téléphones, des ordinateurs portables ou des appareils photo ont besoin de cobalt. De même, les batteries rechargeables de très grande taille utilisées pour stocker l’électricité issue des sources d’énergie renouvelable ont besoin de cobalt. Compte tenu de la progression de la demande, les prix de ce bien rare se sont envolés ces 18 derniers mois, passant de 21 700 à 61 250 dollars américains par tonne.

Plus de 50 % de l’offre mondiale de cobalt provient de la RDC. Pourquoi n’est-il pas surprenant qu’à ce jour, la population congolaise n’ait tiré aucun profit de la possession de l’une des ressources les plus convoitées du secteur actuel des technologies et de l’énergie renouvelable ?

Au fil de l’histoire, les ressources de la RDC - caoutchouc, coltan, or, cuivre - ont alimenté les révolutions industrielles de la planète sans profiter aux Congolais.

Dans son nouveau rapport intitulé Le temps est venu de recharger des batteries « propres », Amnesty International évalue à quel point certaines des entreprises les plus riches et les plus puissantes ont adopté des mesures pour garantir que le cobalt qu’elles utilisent ne contribue pas à ce que des atteintes aux droits humains soient perpétrées en RDC. Le rapport fait suite à la publication de janvier 2016 intitulée Voilà pourquoi on meurt, dans laquelle l’organisation a mis en évidence des atteintes graves aux droits humains dans les mines artisanales de cobalt de RDC.

En RDC, les mineurs extraient souvent le cobalt dans des tunnels étroits creusés à la main, sans même porter d’équipement de sécurité ou de vêtements de protection de base. Les accidents mortels sont monnaie courante, de même que les maladies respiratoires potentiellement mortelles. Plus de 40 000 enfants se consacrent à ce travail très dangereux pour la simple raison que leurs familles sont trop pauvres pour les nourrir ou payer leurs frais de scolarité.

Ces deux dernières années, Amnesty International a mis à contribution ses membres du monde entier pour qu’ils posent des questions délicates aux grandes entreprises technologiques, au sujet de l’origine du cobalt dans leur chaîne d’approvisionnement. Un reportage vidéo de Sky news dont les images déchirantes montrent un jeune garçon travaillant dans des conditions effroyables dans une mine de cobalt du Katanga s’est propagé sur internet.

Le rapport Le temps est venu de recharger des batteries « propres » établit un classement de 29 géants du secteur, parmi lesquels figurent Apple, Samsung Electronics, Dell, Microsoft, BMW, Renault et Tesla, en fonction des progrès qu’ils ont réalisés depuis deux ans dans leurs pratiques concernant l’approvisionnement en cobalt. Apple obtient le meilleur score en matière de responsabilité de l’approvisionnement en cobalt, mais la barre n’est pas haute et le rapport aboutit à la conclusion qu’aucune de ces entreprises n’applique actuellement les normes internationales de devoir de diligence requises en matière de droits humains à sa chaîne d’approvisionnement en cobalt.

Les entreprises doivent certes adopter des mesures, mais c’est avant tout le gouvernement de la RDC qui doit passer à l’action. Les premiers pas ont été franchis, avec notamment la création d’une commission interministérielle contre le travail des enfants dans le secteur minier. Le ministère des Mines a élaboré un projet de nouvelle stratégie nationale destinée à éradiquer le travail des enfants de toutes les mines artisanales en 2025 au plus tard. En août 2017, le gouvernement a annoncé qu’il appliquerait « progressivement » toutes les recommandations émises par Amnesty International dans son rapport de 2016.

Si ces évolutions sont encourageantes, le gouvernement congolais a déjà promis par le passé de réglementer le secteur des mines artisanales ou d’éradiquer le travail des enfants, sans jamais concrétiser ses engagements}}. Les promesses restent des paroles tant qu’aucune action concrète n’est entreprise, ce qui est indispensable pour remporter cette bataille. Cette fois encore, il manque à la stratégie actuelle mise en place par le gouvernement congolais un calendrier concret, une répartition claire des responsabilités et un plan opérationnel de mise en œuvre.

Le gouvernement congolais doit assumer son rôle légitime et être le premier à agir pour garantir que la révolution verte qui fait le bonheur des entreprises technologiques et des consommateurs du monde entier cesse de se faire au détriment de la population congolaise, en particulier des enfants.

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