« Nous sommes alarmés par la proposition de dissolution des partis politiques au Mali et nous mettons en garde contre ce qui serait une atteinte flagrante aux droits à la liberté d’expression et d’association. Les autorités doivent cesser la répression croissante de l’espace civique et respecter les droits humains de tous dans le pays, y compris les critiques, les défenseur·e·s des droits humains et les membres de l’opposition, a déclaré Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
La dissolution des partis politiques serait contraire à la Constitution promulguée en 2023 par les autorités de transition, qui garantit l’existence des partis politiques et affirme leur droit de ‘se former et d’exercer librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi. Elle serait également incohérente et incompatible avec les obligations internationales du Mali en matière de droits humains, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auxquels le Mali est partie.
Complément d’information
Les autorités militaires au pouvoir au Mali ont intensifié la répression contre les partis politiques depuis 2024.
Entre le 10 avril et le 10 juillet 2024, les autorités ont suspendu par décret « les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations » et interdit toute couverture médiatique des activités politiques dans le pays. Plusieurs partis politiques avaient appelé les autorités à respecter la Charte de la transition et à organiser des élections permettant le retour à l’ordre constitutionnel.
Le dialogue national organisé en mai 2024 par les autorités et boycotté par la majorité des partis politiques avait recommandé de prolonger la transition jusqu’à la « stabilisation du pays ». Les recommandations comprenaient également le durcissement des conditions de création des partis politiques et la suppression de leur financement public.
En juin 2024, 11 leaders de partis politiques ont été arrêtés et inculpés de « complot contre l’autorité de l’État » et d’« opposition à l’autorité légitime ». Ils ont été provisoirement libérés en décembre 2024.