Le massacre de Mexico. Questions sans réponse

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

Quarante ans après l’un des pires massacre de l’histoire du Mexique, le gouvernement mexicain n’a toujours pas apporté de réponses aux nombreuses questions soulevées par cette tuerie perpétrée dans la ville de Mexico, a déclaré Amnesty International.

L’organisation a appelé le président mexicain Felipe Calderón à faire toute la lumière sur le massacre qui a eu lieu sur La Plaza de Las Tres Culturas à Tlatelolco, Mexico, quelques jours avant l’ouverture des Jeux olympiques de 1968. L’organisation a également exhorté le gouvernement à rendre justice et accorder des réparations aux familles des victimes.

Les estimations varient concernant le nombre de personnes tuées lorsque l’armée mexicaine a ouvert le feu sur des étudiants qui manifestaient pacifiquement à Tlatelolco le 2 octobre 1968. Le massacre a commencé vers 18h00, lorsque des policiers, des soldats et des hommes armés non identifiés ont encerclé la place et ouvert le feu à l’arme lourde depuis des véhicules blindés et des chars. Ils ont tiré sur les étudiants qui étaient rassemblés sur la place et sur des bâtiments résidentiels autour de la place. Quarante-quatre corps ont finalement été remis par le gouvernement – dix d’entre eux n’ont toujours pas été identifiés.

« Quarante ans après le massacre de Tlatelolco, de nombreuses questions troublantes restent sans réponse,
a déclaré Javier Zuñiga, aujourd’hui conseiller spécial pour Amnesty International ; il avait assisté à l’époque à l’arrivée des troupes gouvernementales depuis un pont dominant la place.

« Qui a ordonné le massacre ? Depuis combien de temps avait-il été planifié ? Combien de personnes ont été tuées ? Qui étaient ceux dont les corps n’ont toujours pas été identifiés ?

« Il commençait à faire sombre quand les premiers coups de feu ont éclaté, il était donc difficile de voir ce qui se passait exactement, se souvient Javier Zuñiga. Mais je me rappelle très bien que l’armée a pris position sur la place avant que les premiers coups de feu n’éclatent et non pas après, comme de nombreuses sources gouvernementales l’ont affirmé. Les gens ont paniqué et ont commencé à courir dans tous les sens en criant « l’armée arrive, l’armée arrive ! » En quelques minutes, c’était comme si la place était jonchée de corps.

« J’y suis retourné tôt le lendemain matin et j’ai vu des tas entiers de ceintures et de chaussures. Il y avait encore des flaques de sang sur le sol malgré des efforts manifestes pour les faire disparaître. J’ai vu aussi d’énormes impacts de balles sur des piliers en béton à hauteur de tête d’homme. »

En dépit des efforts incessants des victimes, de leurs proches et des participants au mouvement étudiant pour établir la vérité sur ce qui s’était passé cette nuit-là, les faits n’ont jamais été établis dans leur ensemble et les responsables présumés de ce massacre n’ont jamais eu à rendre compte de leurs actes.

« Le manque de détermination du gouvernement mexicain à établir la vérité sur ce qui s’est passé dans la nuit du 2 octobre 1968 a laissé dans la société mexicaine des traces profondes qui ne pourront être effacées qu’en faisant toute la lumière sur cette affaire, en traduisant en justice les auteurs présumés des violences et en accordant des réparations aux victimes et à leurs familles, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques à Amnesty International.

« Le gouvernement du président Calderón est resté pratiquement silencieux sur cette page sombre de l’histoire du Mexique, a déclaré Kerrie Howard. Nous mettons cette administration au défi d’ouvrir toutes les archives et tous les dossiers concernant cette période, de diligenter une nouvelle enquête indépendante et de lever tous les obstacles empêchant les responsables présumés de ce massacre d’être traduits en justice. »

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