Les enlèvements, la violence sexuelle, l’enrôlement forcé dans des groupes de criminels, la traite et les meurtres de migrants sont monnaie courante et font partie de la vie des dizaines de milliers de migrants en situation irrégulière qui traversent le Mexique chaque année et, selon Amnesty International, l’impunité reste la norme pour ces violations graves des droits humains.
Le dimanche 10 février marquait le centième jour de la prise de fonction du gouvernement d’Enrique Peña Nieto. Jusqu’ici, aucune mesure n’a été prise pour redresser la situation et remédier à cette crise humanitaire après le pitoyable échec du précédent gouvernement dans ce domaine.
« Une fois encore, le sort des migrants en situation irrégulière au Mexique semble être réduit à une question annexe », a déploré Rupert Knox, chercheur sur le Mexique pour Amnesty International.
« Pourtant, des personnes qui travaillent dans des refuges pour migrants et des défenseurs des droits humains ont indiqué à Amnesty International que les migrants sont de plus en plus nombreux et que les attaques dont ces derniers et ceux qui défendent leurs droits font l’objet empirent. »
En février, des informations faisant état d’enlèvements de migrants à Medias Aguas, dans l’État de Veracruz, ont semblé confirmer le fait que la situation s’aggrave. Les autorités n’ont pour l’instant livré aucune indication sur les mesures prises pour enquêter sur ces faits.
Des défenseurs des droits humains qui fournissent un abri et une aide aux migrants ont également été plus exposés aux menaces et aux actes d’intimidation.
Le 4 mars 2013, Rubén Figueroa, qui travaillait au refuge « La 72 », à Tenosique, a été menacé. « Ce fait met encore une fois en évidence les risques encourus par ceux qui agissent pour la sécurité des migrants », a déclaré Rupert Knox.
De plus, les défenseurs des droits des migrants qui bénéficient d’une protection officielle s’accordent à dire que ces mesures sont insuffisantes ou inefficaces. Les enquêtes pour découvrir les responsables des menaces ne sont jamais menées à terme et les personnalités politiques locales ne soutiennent généralement pas le travail accompli par le personnel des refuges, voire alimentent l’hostilité à leur égard.
Récemment, la sous-secrétaire du ministère de l’Intérieur chargée des questions relatives à la population, aux migrations et aux affaires religieuses a déclaré que les plaintes pour enlèvement déposées par des migrants étaient simplement transmises au bureau du procureur général de la République, ce qui est représentatif de l’incapacité du gouvernement fédéral à mener une réaction coordonnée et efficace à cette crise.
Indépendamment de toute action additionnelle qu’il pourrait décider de mettre œuvre, le gouvernement d’Enrique Peña Nieto doit de toute urgence :
veiller à ce que les défenseurs des droits des migrants bénéficient d’une protection efficace ;
faire appliquer des mesures décrétées au niveau fédéral pour prévenir et sanctionner les atteintes aux droits des migrants ;
élaborer et mettre en place des protocoles à suivre lors des enquêtes sur les infractions commises à l’encontre de migrants, et rendre plus faciles d’accès les mécanismes destinés à recueillir les plaintes afin d’inciter les migrants à signaler les atteintes aux droits dont ils sont victimes ;
créer une base de données recensant les migrants disparus afin que leurs proches puissent fournir des informations, y compris de l’ADN, pour aider à l’identification des personnes disparues.