COMMUNIQUÉ DE PRESSE
ÉFAI
13 août 2009
Les autorités mexicaines doivent ouvrir une nouvelle enquête sur le massacre d’Acteal, et veiller à ce que ces investigations s’effectuent de manière indépendante et que tous les responsables présumés rendent compte de leurs actes devant la justice, a déclaré Amnesty International ce jeudi 13 août.
L’organisation s’est exprimée après la décision de la Cour suprême du Mexique de libérer 20 des personnes condamnées pour le massacre perpétré en 1997 à Acteal (État du Chiapas), au cours duquel 45 indigènes avaient été assassinés. Ces remises en liberté ont été accordées en raison d’irrégularités commises dans la collecte de preuves lors de l’enquête et de la procédure.
« Nous avons là un nouveau signe des graves dysfonctionnements de la justice mexicaine, qui se montre incapable d’enquêter sur des violations des droits humains, d’en poursuivre les auteurs présumés et de les sanctionner par le biais d’une procédure équitable », a déclaré Rupert Knox, chercheur sur le Mexique à Amnesty International.
Selon les informations recueillies par l’organisation, dans l’affaire d’Acteal comme dans de nombreuses autres, l’enquête a été entachée dès l’origine d’irrégularités qui ont conduit à des décisions de justice ne reposant pas sur des éléments solides et donc susceptibles d’être annulées. Des affaires restent ainsi impunies.
Amnesty International a dénoncé à plusieurs reprises les lacunes de l’enquête menée par les services du procureur général de la République dans l’affaire d’Acteal. L’organisation demande une nouvelle fois aux autorités d’effectuer des investigations exhaustives et de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour qu’éclate la vérité et que les responsabilités soient établies à tous les niveaux, y compris parmi les hauts responsables et les membres de l’armée – certains pourraient être impliqués dans le massacre, pour n’être pas intervenus ou pour avoir donné leur assentiment.
« Il est essentiel que la lumière soit faite sans attendre sur le massacre d’Acteal, a déclaré Rupert Knox, que tous les responsables soient punis, au terme de procédures équitables, et que des réparations soient accordées. Si l’on ne rend pas la justice, on condamne la population à un risque accru de violence. »
Complément d’information
Le 22 décembre 1997, dans le village d’Acteal, dans la municipalité de Chenalhó (Chiapas), les autorités ont fourni des armes à des membres de groupes armés ou paramilitaires illégaux qui ont commis les assassinats. Les autorités ne sont pas intervenues lors de la tuerie, alors qu’elles en auraient eu l’occasion à de multiples reprises.
L’enquête effectuée par les services du procureur général de la République sur le massacre d’Acteal a abouti à la condamnation de quelque 80 indigènes des villages voisins, qui avaient été directement impliqués dans l’attaque. En outre, 14 fonctionnaires subalternes se sont vu infliger des peines allant de trois à huit ans d’emprisonnement pour homicide et blessures par omission ou infraction à la législation sur les armes à feu. Les fonctionnaires occupant un poste plus élevé dans la hiérarchie et les militaires soupçonnés d’implication dans cette affaire n’ont toutefois jamais eu à rendre compte de leurs actes.