MYANMAR. Les élections au Myanmar seront un test pour la crédibilité de l’ASEAN

Index AI : ASA 16/010/2010

ÉFAI - 16 juillet 2010

Les pays d’Asie du Sud-Est doivent faire pression sur le gouvernement du Myanmar pour qu’il protège les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association pendant et après la période électorale, a déclaré Amnesty International le 16 juillet à la veille de la réunion des ministres de l’ASEAN à Hanoï.

L’ASEAN a répété à de nombreuses reprises que les élections doivent se dérouler « de manière ouverte, libre et équitable ». Pourtant ces appels ne vont pas assez loin et n’attirent pas l’attention sur les droits humains les plus en danger dans la période électorale. De fait, le gouvernement du Myanmar n’a pris aucune mesure pour améliorer son bilan très médiocre en matière de droits humains à l’approche du scrutin.

Plus de 2 200 prisonniers politiques languissent toujours derrière des barreaux au Myanmar. C’est le double du nombre enregistré depuis le début des manifestations anti-gouvernementales massives d’août-septembre 2007 – terrible illustration de la situation dramatique des droits humains dans ce pays.

En vertu des nouvelles lois électorales adoptées en mars, aucun prisonnier politique ne peut prendre part aux élections et notamment pas Aung San Suu Kyi. Ces mêmes lois leur interdisent également toute appartenance à un parti politique.

Lors de la réunion des ministres, l’ASEAN doit appeler sans ambiguïté à la libération immédiate sans condition de tous les prisonniers d’opinion, un point qui a été ostensiblement oublié lors du sommet de l’ASEAN à Hanoï en avril.

Les lois électorales établissent également une liste d’infractions et de sanctions, parmi lesquelles – en violation flagrante de la liberté d’expression – une disposition formulée en termes vagues concernant les personnes qui en « exhorteraient » d’autres à voter ou à ne pas voter aux élections.

De plus, une directive du 21 juin émise par la Commission de l’union électorale précise que les partis politiques « présentant un risque pour la sécurité, l’ordre public et la paix sociale » sont interdits de campagne. Cette règlementation autorise une interprétation excessivement large de ce qui constitue une menace pour la « sécurité ». Depuis des dizaines d’années, les autorités ont recours à des lois formulées en termes délibérément vagues pour criminaliser arbitrairement toute contestation politique pacifique.

Les nouvelles règles de la censure, instituées en juin, servent également à étouffer toute ébauche de journalisme indépendant autour du processus électoral.

Les « trois libertés » - d’expression, de réunion pacifique et d’association – doivent être préservées pour tous, que les personnes choisissent de participer ou non aux élections. L’attitude adoptée par l’ASEAN, qui consiste à « attendre de voir » ce qui va se passer , ne suffit pas.

Les pays de l’ASEAN doivent également être préparés à s’exprimer avec force si des personnes sont harcelées et arrêtées pour leurs opinions et leurs activités politiques pacifiques dans la période précédant les élections.

Ne pas répondre à ces défis urgents risque de remettre en question la crédibilité de l’ASEAN au niveau international. Il est crucial que l’ASEAN saisisse cette occasion pour faire avancer la situation des droits humains au Myanmar.

L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) comprend 10 États membres : le Bruneï, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Viêt-Nam. La réunion annuel des ministres de l’ASEAN se déroule cette année du 19 au 23 juillet.

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