Myanmar. Les réductions de peine ne sont pas suffisantes


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

17 mai 2011

Index AI : PRE01/252/2011

Les réductions de peine accordées par le gouvernement du Myanmar doivent être rapidement suivies par la libération de tous les prisonniers d’opinion, a déclaré Amnesty International mardi 17 mai.

Le gouvernement du Myanmar a annoncé lundi 16 mai qu’il avait réduit d’un an les peines d’emprisonnement prononcées contre tous les prisonniers actuellement incarcérés et commué toutes les condamnations à mort en détention à perpétuité.

« Si ces réductions de peine sont une bonne nouvelle pour les prisonniers politiques, elles sont étonnamment insuffisantes, a estimé Benjamin Zawacki, chercheur sur le Myanmar à Amnesty International. Ces mesures sont bien loin de la libération collective de tous les prisonniers d’opinion tant attendue au Myanmar. »

Amnesty International a invité le Myanmar à ne pas se contenter d’une simple commutation des condamnations à la peine capitale et à se joindre à la tendance mondiale en faveur de l’abolition totale de ce châtiment.

À la connaissance d’Amnesty International, aucun condamné à mort n’a été exécuté au Myanmar depuis 1988. Toutefois, la peine de mort est toujours inscrite dans la législation et des condamnations continuent d’y être prononcées.

« La commutation de ces peines de mort est un premier pas encourageant ; la prochaine étape consiste à entériner toutes les modifications législatives nécessaires en vue d’abolir ce châtiment au Myanmar », a expliqué Benjamin Zawacki.

Dans ce pays, plus de 2 200 prisonniers politiques sont maintenus en détention, et beaucoup sont soumis à des actes de torture et à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ils sont incarcérés dans des conditions déplorables, sans bénéficier de soins médicaux adéquats, dans des établissements bien souvent très éloignés des familles des prisonniers.

La communauté internationale a engagé à maintes reprises les autorités du Myanmar à libérer les prisonniers politiques, tout particulièrement à la veille des élections qui se sont déroulées en novembre 2010, les premières depuis 20 ans. Cependant, lors de la réunion du Conseil des droits de l’homme des Nations unies en janvier 2011, les représentants du gouvernement birman ont nié l’existence de prisonniers politiques dans leur pays.

« Depuis des décennies, le gouvernement s’est servi de l’incarcération pour réduire au silence toute dissidence pacifique, optant pour des réductions de peine et des périodes choisies d’amnistie comme maigre concession à la critique internationale vis-à-vis de son bilan en termes de droits humains », a poursuivi Benjamin Zawacki.

Lors de sa première visite dans le pays depuis les élections, du 11 au 13 mai, Vijay Nambiar, conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, a souligné que la libération de tous les prisonniers politiques était nécessaire.

Par ailleurs, Amnesty International a exhorté le Myanmar à prendre des mesures concrètes visant à garantir les libertés fondamentales.

« Les autorités doivent modifier ou abroger les lois et les pratiques qui restreignent de manière arbitraire les droits, notamment la Loi sur les transactions électroniques qui empêche la diffusion d’opinions critiques envers le gouvernement. Elles doivent aussi faire en sorte que la justice ne subisse pas d’ingérences politiques ni d’autres atteintes », a conclu Benjamin Zawacki.

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