« Le jugement consternant rendu aujourd’hui contre trois militants pacifiques montre la détermination du gouvernement à étouffer toute critique à l’égard de son action dans ce conflit meurtrier et à réprimer toute forme d’opposition pacifique à l’armée, a déclaré Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International.
« Ces peines d’emprisonnement font écho aux attaques, manœuvres d’intimidation, menaces et poursuites dont font régulièrement l’objet les défenseurs des droits humains, les journalistes et les dirigeants communautaires qui s’expriment pacifiquement pour défendre les victimes civiles d’opérations militaires. Ces méthodes envoient un message dissuasif à tous les acteurs humanitaires et aux militants qui souhaitent dévoiler au grand jour la brutalité de l’armée dans l’État kachin, dans le nord de l’État chan et au-delà.
« Ces militants ont demandé pacifiquement que de l’aide humanitaire soit acheminée dans les zones de conflit où des civils sont pris au piège. Ils doivent être libérés immédiatement et leurs condamnations doivent être annulées. Ces personnes devraient être félicitées, et non sanctionnées. »
Complément d’information
Un tribunal du nord du Myanmar a condamné vendredi 7 décembre 2018 Lum Zawng (h), Nang Pu (f) et Zau Jet (h) à six mois d’emprisonnement et à une amende de 500 000 MMK (320 dollars des États-Unis) chacun. Le 3 septembre 2018, ces trois militants pacifiques avaient été inculpés de diffamation envers l’armée du Myanmar, au titre de l’article 500 du Code pénal.
Ces charges étaient liées à des déclarations qu’ils avaient faites lors d’un rassemblement pacifique à Myitkyina, dans l’État kachin, le 30 avril 2018, et lors d’une conférence de presse le lendemain, à la suite d’une forte intensification, début avril 2018, des affrontements entre l’armée du Myanmar et l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA), un groupe ethnique armé de l’État kachin.
Ces affrontements ont déplacé plus de 5 000 civils, dont 2 000 ont été pris au piège durant plusieurs semaines dans une forêt située près du village d’Aung Lawt, sans accès à l’aide humanitaire ni passage sécurisé pour quitter la zone touchée par le conflit.
Depuis 2011, plus de 100 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays dans les zones touchées par le conflit, dans le nord du Myanmar. Beaucoup d’entre elles ont été déplacées à plusieurs reprises.