Myanmar. Vingt ans ont passé, on compte aujourd’hui plus de 2 000 prisonniers politiques


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

Embargo : dimanche 3 août 2008 22h00 TU

Myanmar. Vingt ans ont passé, on compte aujourd’hui plus de 2 000 prisonniers politiques

Vingt ans après les premières manifestations, violemment réprimées, en faveur de la démocratie au Myanmar, les Nations unies doivent prendre des mesures plus énergiques pour obtenir la libération de U Win Tin et d’autres prisonniers d’opinion détenus depuis cette époque, a déclaré Amnesty International ce dimanche 3 août 2008.

Ibrahim Gambari, conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies et Thomas Ojea Quintana, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains au Myanmar, se rendent au Myanmar au mois d’août.

Le 8 août 1988 – 8.8.88 – éclataient à Yangon (anciennement Rangoun) des manifestations en faveur de la démocratie à l’appel des étudiants. Le mouvement s’était rapidement propagé à d’autres villes, rassemblant de plus en plus de gens et suscitant un soutien populaire de plus en plus grand au cours des six semaines suivantes. Les forces de sécurité gouvernementales étaient alors violemment intervenues, tuant environ 3 000 personnes. Des milliers d’autres avaient été emprisonnées ou avaient « disparu », sans que la moindre information sur leur sort ne soit communiquée.

Depuis, malgré l’engagement des Nations unies pour améliorer la situation au Myanmar, au travers notamment de résolutions votées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits humains et malgré quelque 35 missions officielles menées par le conseiller spécial, le rapporteur spécial et leurs prédécesseurs, quelque 2050 prisonniers politiques sont toujours incarcérés au Myanmar. Environ 900 personnes ont été emprisonnées au cours des dix derniers mois.

« En dépit des innombrables déclarations du gouvernement du Myanmar affirmant qu’il entendait autoriser une participation politique plus large, U Win Tin arrêté peu après les manifestations de 1988 est toujours en prison, de même que des milliers d’autres personnes, a déclaré Benjamin Zawacki, chercheur pour le Myanmar auprès d’Amnesty International.

« Rien ne démontre mieux la mauvaise foi du gouvernement que le fait qu’il y ait aujourd’hui plus de prisonniers politiques enfermés pour des peines de longue durée qu’à aucun autre moment depuis les manifestations.

« Si U Win Tin est le plus ancien prisonnier d’opinion au Myanmar, il est loin d’être le seul, a déclaré Benjamin Zawacki.

« Des milliers d’autres l’ont rejoint depuis 1988 , environ 900 au cours des seuls dix derniers mois. Les Nations unies ne doivent plus s’en tenir aux assurances creuses du gouvernement mais obliger le Myanmar à tenir parole. »

Amnesty International demande la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers d’opinion. L’organisation demande notamment instamment aux Nations unies de faire pression en faveur de la libération des vingt personnes dont les noms suivent :

  U Win Tin (h), soixante-dix-huit ans, journaliste, opposant connu, cadre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le principal parti d’opposition, est en prison depuis 1989. Il souffre de multiples problèmes de santé, il devrait être libéré en 2009.
  Win Htein (h), soixante-six ans, proche collaborateur de la dirigeante de la LND, Daw Aung San Suu Kyi, a été emprisonné en 1996 pour avoir, entre autres, aider les paysans à s’organiser et des membres de la LND à rassembler des statistiques sur le monde agricole. Il est détenu à l’isolement et souffre de nombreux problèmes de santé, d’hypertension notamment et d’une maladie cardiaque.
  Daw May Win Myint (f), cinquante-huit ans, membre du Parlement élu et Than Nyein (h), soixante et onze ans, cadre de la LND et membre du Parlement élu, ont été emprisonnés en 1997 pour avoir organisé un rassemblement de la LND. Leurs peines initiales ont été prolongées à plusieurs reprises depuis 2004, tous deux sont en mauvaise santé.
  Aung Tun (h), quarante et un ans, l’un des principaux membres de la Fédération des syndicats étudiants de Birmanie (Basse Birmanie), a été condamné en 1998 à une peine de dix-sept ans de prison pour avoir « collaboré avec des groupes terroristes » et écrit une histoire du mouvement étudiant au Myanmar. Asthmatique grave et atteint de tuberculose, il a été placé en détention au secret à plusieurs reprises pendant de longues périodes.
  Myo Min Zaw (h), trente et un ans et Ko Aye Aung (h), trente-trois ans, tous deux étudiants, ont été emprisonnés en 1998 pour leur rôle dans les manifestations étudiantes organisées pour réclamer des améliorations du système éducatif et le respect des résultats du scrutin des élections de 1990. Condamnés respectivement à cinquante-deux et quarante-cinq années d’emprisonnement, ils purgent leur peine dans des établissements situés loin de tout et souffrent de problèmes de santé.
  Ma Khin Khin Leh (f), quarante-deux ans, enseignante, a été condamnée à la réclusion à perpétuité en 1999, les autorités n’ayant pas réussi à localiser son mari, militant politique actif. Elle souffre d’un problème pulmonaire non précisé et d’arthrite rhumatoïde.
  Khaing Kaung San (h), trente-sept ans, opposant politique travaillant avec des organisations d’aide sociale à la minorité rakhine, a été emprisonné en 2000 après avoir été rapatrié de force de Thaïlande où il avait demandé – et obtenu – l’asile politique.
  Saw Naing Naing (h), soixante-six ans, membre du Parlement élu et ancien prisonnier d’opinion entre 1990 et 1999 et Soe Han (h), soixante-cinq ans, avocat, ont été condamnés en 2000 à vingt et un ans de prison pour avoir rédigé une déclaration réclamant la libération de Daw Aung San Suu Kyi. Saw Naing Naing aurait été placé avec des prisonniers de droit commun en attente de leur exécution.
  U Khun Htun O (h), soixante-cinq ans, le plus important représentant politique de la minorité ethnique Chan, a été emprisonné en 2005 pour avoir participé à une discussion à caractère privé sur les projets du gouvernement concernant la transition politique. Il purge une peine de quatre-vingt treize années d’emprisonnement et est en mauvaise santé.
  Min Ko Naing (h), quarante-cinq ans, l’un des principaux dirigeants du mouvement en faveur de la démocratie, ancien prisonnier d’opinion entre 1989 et 2004 et fondateur du groupe étudiant Génération 88, a été emprisonné en août 2007 pour avoir participé aux manifestations. Tout soin médical lui a été refusé pour ses nombreux problèmes de santé.
  U Ohn Than (h), soixante et un ans, militant, a été condamné à la réclusion à perpétuité en août 2007 pour avoir manifesté devant l’ambassade des États-Unis à Yangon. Il est maintenu en détention loin de sa famille et souffrirait de malaria cérébrale à un stade avancé.
  Hla Myo Naung (h), quarante ans, l’un des dirigeants du groupe étudiant Génération 88, a été arrêté et emprisonné en octobre 2007 au moment où il est sorti de la clandestinité pour se faire soigner pour une rupture de la cornée. Il pourrait perdre la vue en raison du manque de prise en charge appropriée.
  Thin Thin Aye (Mie Mie) (f), trente-huit ans, Htay Kywe (h), quarante ans, dirigeants du groupe étudiant Génération 88 et Zaw Htet Ko Ko (h), vingt-sept ans, jeune membre du groupe étudiant Génération 88, ont été arrêtés et emprisonnés en octobre 2007 à l’issue de la chasse à l’homme engagée après la répression des manifestations. Mie Mie a eu un problème cardiaque au cours de sa détention sans obtenir de soins pendant toute une période. Zaw Htet Ko Ko s’est vu refuser des soins pour un problème d’amygdale.
 U Gambira (h), vingt-neuf ans, moine et co-fondateur de l’Alliance des moines de Birmanie pendant les manifestations de septembre 2007, a été arrêté et emprisonné en novembre 2007 après que des membres de sa famille eurent été détenus en « otages » pour le forcer à sortir de la clandestinité. Il a été torturé et défroqué en prison ; il a été placé en isolement cellulaire en mars 2008.
  Myo Yang Naung Thein (h), trente-quatre ans, membre du groupe étudiant Génération 88, a été emprisonné en décembre 2007 en raison de ses liens avec des militants qui avaient filmé les manifestations de septembre 2007. Il a aujourd’hui le bas du corps paralysé, peut-être à cause des actes de torture subis pendant ses interrogatoires et a été privé de soins médicaux spécialisés pendant une longue période.

Ces prisonniers d’opinion, incarcérés entre 1989 et 2007, sont emblématiques de la répression politique continue menée par le gouvernement du Myanmar au cours des vingt années qui se sont écoulées depuis les premières manifestations en faveur de la démocratie.

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