Ne négociez pas avec les régimes despotiques : l’UE doit retenir la leçon

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Bruxelles, 9 mars 2011

Un mois après la démission forcée d’Hosni Moubarak, et en prévision du Conseil européen extraordinaire du 11 mars, Amnesty International exhorte l’Union européenne (UE) à revoir de fond en comble sa stratégie dans le sud de la Méditerranée, et à réagir promptement à la crise humanitaire et des droits humains qui se développe en Libye.

« L’absence de crédibilité de l’UE auprès de la population nord-africaine résulte de son empressement à soutenir des gouvernements répressifs sans mandat démocratique en Égypte, en Tunisie, en Libye et ailleurs, a déclaré Nicolas Beger, directeur du bureau européen d’Amnesty International. La notion dépassée selon laquelle l’UE peut amener la " stabilité " dans la région sans répondre aux besoins et aspirations du peuple a été bousculée par les événements récents. L’UE doit de toute urgence reconnaître ses erreurs politiques passées. »

Dans une lettre adressée au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, Amnesty International a mis l’accent sur l’importance de placer les droits humains au cœur des relations qu’entretient l’UE avec l’ensemble des pays de la région, en fixant des critères clairs en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne la pleine réalisation des droits économiques, sociaux et culturels.

« L’UE a fermé les yeux sur le terrible bilan de la Libye sur le plan des droits humains tout en cherchant activement à obtenir la coopération de Mouammar Kadhafi afin de juguler les flux de personnes arrivant en Europe en provenance d’Afrique. Cela a débouché sur des violations des droits fondamentaux de ces réfugiés, demandeurs d’asile et migrants », a ajouté Nicolas Beger.

C’est pourquoi Amnesty International exhorte l’UE à renforcer son aide à des pays tels que l’Égypte et la Tunisie, qui sont actuellement confrontées à de très nombreuses arrivées. En particulier, elle engage les membres du Conseil européen à :

• veiller à ce que chaque personne fuyant la Libye se voie immédiatement accorder un droit d’entrée à la frontière de tout pays qu’elle arrive à atteindre, et ce, sans discrimination ;

• fournir toute l’aide requise pour que chaque personne ayant fui la Libye soit identifiée et que sa situation soit examinée avec attention afin de pouvoir déterminer quelles sont les personnes ayant des besoins légitimes en termes de protection et celles pour lesquelles il existe des motifs d’exclusion ;

• continuer à coordonner et favoriser l’évacuation en toute sécurité de non Libyens ayant fui la Libye et souhaitant retourner dans leur pays de résidence ;

• mettre en place un « couloir humanitaire » pour les personnes bloquées en Libye, notamment les Érythréens, Éthiopiens et Somaliens, qui sont confrontés à des dangers considérables et dont la plupart courraient de graves risques s’ils retournaient dans leur pays d’origine ;

• aider les pays de l’Union européenne confrontés à l’arrivée de personnes en provenance de Libye et des pays voisins à accueillir et soutenir celles-ci et à répondre à leurs besoins de protection les plus immédiats ;

• suspendre toutes les expulsions vers la Libye et celles vers l’Égypte et la Tunisie qui compromettraient le travail humanitaire en cours.

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