« C’est une bonne nouvelle, mais elle est loin de rendre la justice attendue pour les " neuf Ogonis ", qu’ils méritent : le gouvernement nigérian doit reconnaître officiellement qu’ils n’ont commis absolument aucun crime et les innocenter totalement, a déclaré Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International Nigeria.
« Les "neuf Ogonis", menés par Ken Saro-Wiwa, auteur et militant de premier plan au Nigeria, ont été brutalement exécutés par un régime qui voulait cacher les crimes de Shell et d’autres compagnies pétrolières qui détruisaient - et continuent de détruire - la vie et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes dans le delta du Niger, du fait des déversements et fuites de pétrole.
« L’exécution de ces militant·e·s il y a près de 30 ans a donné carte blanche au gouvernement nigérian et aux compagnies pétrolières, dont Shell, pour réprimer les manifestations et intimider les habitant·e·s du delta du Niger réclamant que justice soit rendue et que cesse la pollution toxique de leur environnement.
« La justice complète pour les " neuf Ogonis " n’est qu’une première étape. Il reste encore beaucoup à faire pour que justice soit rendue à la population du delta du Niger, notamment en demandant à Shell et aux compagnies pétrolières de rendre des comptes pour les dommages qu’elles ont causés et continuent de causer. Elles doivent indemniser intégralement les communautés du delta du Niger pour les dommages engendrés par les fuites et les déversements d’hydrocarbures et nettoyer leurs déchets toxiques avant de quitter la région. »
Complément d’information
Les « neuf Ogonis »
Ken Saro-Wiwa, auteur et défenseur de l’environnement, Barinem Kiobel, John Kpuinen, Baribor Bera, Felix Nuate, Paul Levula, Saturday Dobee, Nordu Eawo et Daniel Gbokoo, ont été exécutés le 10 novembre 1995 à l’issue d’un procès manifestement inique. Officiellement accusés de participation à un meurtre, ces hommes avaient en fait été jugés pour avoir dénoncé l’impact dévastateur de la production pétrolière de Shell, dans la région du pays Ogoni, dans le delta du Niger.
Shell a été accusée de complicité dans l’arrestation, la détention et l’exécution illégales des neuf hommes.
Dégâts dévastateurs dans le delta du Niger
Depuis 60 ans, Shell et d’autres compagnies pétrolières sont responsables de déversements et de fuites d’hydrocarbures dus à des oléoducs et des puits mal entretenus et à des opérations de nettoyage inadéquates, qui ravagent la santé et les moyens de subsistance d’une grande partie des 30 millions d’habitant·e·s du delta du Niger, dont la plupart vivent dans la pauvreté. Les gens ne peuvent plus pêcher car leurs sources d’eau, y compris leurs puits d’eau potable, sont empoisonnées et la terre est contaminée : la vie végétale est détruite, ce qui ne permet plus aux communautés de cultiver.
Les communautés Ogale et Bille, ainsi que la communauté Bodo, poursuivent Shell devant la Cour royale de justice du Royaume-Uni pour exiger que le géant pétrolier nettoie les déversements qui détruisent leurs moyens de subsistance, leur santé et engendrent une destruction généralisée de l’environnement local.