Communiqué de presse

Nigeria. Les autorités de l’État de Lagos doivent cesser de harceler et d’intimider les personnes expulsées de Badia East

Amnesty International appelle les autorités de l’État de Lagos à cesser toute forme de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des personnes expulsées de force du site de Badia East, dans l’État de Lagos au Nigeria.

Le 23 février, les autorités de l’État de Lagos ont procédé à des expulsions forcées dans ce quartier informel ; plus de 300 maisons et autres constructions ont été démolies, laissant des centaines de personnes sans abri. Les autorités n’ont pas proposé d’indemnisation ou de solution de relogement aux habitants chassés de chez eux. Des centaines de personnes sont toujours sans toit et n’ont nulle part où aller. Nombre d’entre elles dorment dehors à proximité de leurs anciennes maisons ou dans des abris de fortune construits à partir de débris.

Le 25 mars, des policiers se sont rendus à Badia East et ont harcelé les résidents expulsés qui vivaient toujours sur place, dehors ou dans des constructions provisoires, leur donnant l’ordre de s’en aller. Ces actes de harcèlement se sont poursuivis le lendemain lorsque des représentants du groupe d’intervention chargé du contrôle et de l’application des lois ont chassé des personnes de leurs campements et ont détruit leurs abris de fortune.

Le 25 mars, cinq habitants de Badia East expulsés de force le 23 février ont été arrêtés par la police. Ils construisaient un réservoir pour stocker l’eau en cas d’urgence, le conduit d’approvisionnement en eau ayant été détruit par l’un des bulldozers envoyés sur place par les autorités. Les cinq hommes ont été remis en liberté sous caution après l’intervention du Centre d’action pour les droits économiques et sociaux (SERAC), une organisation non gouvernementale (ONG) nigériane.

Le SERAC mène campagne pour que les résidents expulsés de force obtiennent justice. Le 28 février, cette ONG a saisi la Haute Cour fédérale de Lagos, au nom des habitants de Badia East, pour obtenir une injonction visant à empêcher les autorités fédérales d’entreprendre de nouvelles démolitions ou d’utiliser les terres qu’occupaient les résidents expulsés.

Amnesty International exhorte les autorités de l’État de Lagos à garantir sans délai que les personnes expulsées de force de Badia East cessent d’être harcelées ou intimidées par les autorités fédérales. L’organisation demande instamment aux autorités de mener rapidement une enquête indépendante sur les actes de harcèlement et d’intimidation dont ont été victimes les résidents de Badia East, ainsi que sur le recours à la force par la police. Les autorités de l’État de Lagos, conformément aux obligations internationales du Nigeria en matière de droits humains, sont tenues de proposer des solutions de relogement adéquates et de garantir un recours effectif aux habitants de Badia East dont les maisons ont été détruites. Amnesty International engage également les autorités de l’État de Lagos à veiller à ce que les garanties juridiques et procédurales soient mises en place avant de procéder à de nouvelles expulsions.

Complément d’information

Badia East est un site d’installations informelles situé dans l’État de Lagos, au Nigeria ; il fait partie des quartiers informels de Badia devant être réaménagés dans le cadre du Projet de gouvernance et de développement de la métropole de Lagos (LMDGP), financé par la Banque mondiale à hauteur de 200 millions de dollars.

À la suite des démolitions de Badia East et à la demande du SERAC, une personne représentant la Banque mondiale s’était rendue sur le site. Consternée par les conditions de vie épouvantables des habitants expulsés, cette personne avait demandé au LMDGP de garantir à la communauté un approvisionnement en eau d’urgence. Après cette visite, les habitants s’étaient attelés à la construction d’un réservoir destiné au stockage de cette eau. D’après les informations reçues par Amnesty International, les habitants attendent toujours d’être approvisionnés en eau.

En juillet 2012, les autorités de l’État de Lagos avaient procédé de façon similaire à la démolition d’une partie de Makoko, un autre site informel de Lagos, sans que les habitants ne bénéficient d’un préavis suffisant, d’une consultation adéquate ou d’une indemnisation.

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