Le Pakistan doit libérer sans délai ni condition un homme ayant été condamné à la peine capitale vendredi 24 janvier en vertu de la législation pakistanaise relative au blasphème, a déclaré Amnesty International.
Mohammad Asghar, ressortissant britannique souffrant de troubles mentaux et résidant au Pakistan, a été arrêté en 2010 après avoir semble-t-il envoyé à plusieurs représentants des autorités des lettres dans lesquelles il affirmait être un prophète.
« Mohammad Asghar risque désormais la pendaison pour avoir simplement écrit quelques lettres. Il ne mérite pas d’être puni. Personne ne devrait être poursuivi pour ce type de comportement », a déclaré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
Les lois pakistanaises relatives au blasphème sont utilisées sans distinction contre musulmans et non musulmans, et portent atteinte aux droits fondamentaux à la liberté de religion et de conscience.
« La législation sur le blasphème affaiblit l’état de droit, et les personnes poursuivies risquent d’être maltraitées, voire tuées en détention. Le Pakistan doit immédiatement libérer Mohammed Ashgar et réviser les lois sur le blasphème afin de garantir que cela ne se reproduise plus », a déclaré Polly Truscott.
En novembre 2012, un autre ressortissant britannique, Masud Ahmad, qui appartient à la communauté ahmadiyya, a été placé en détention au Pakistan pour avoir récité un passage du Coran, ce qui est interdit aux ahmadis en vertu des lois relatives au blasphème.
Masud Ahmad s’est vu refuser la libération sous caution ; sa santé se dégrade alors qu’il languit en prison en attendant qu’il soit statué sur le recours formé contre sa condamnation.
La loi interdit aux ahmadis de se proclamer musulmans et de professer et pratiquer leur foi en tant que musulmans.
« Les autorités pakistanaises doivent libérer immédiatement et sans condition Mohammad Asghar et Masud Ahmad, et garantir leur sécurité ainsi que celle de leurs proches. Plusieurs personnes ont été agressées, et certaines même tuées, après avoir été accusées de blasphème », a déclaré Polly Truscott.
Les lois relatives au blasphème nourrissent un climat de violence et de persécution motivé par des considérations religieuses, qui mène à la persécution de minorités religieuses aussi bien que de musulmans. Elles sont souvent utilisées pour porter des accusations malveillantes et infondées dans le but de régler des comptes personnels dans le cadre de litiges fonciers et commerciaux.
« À l’heure où le Pakistan se relève d’une série de violations que leurs auteurs essaient de justifier en invoquant la défense des sentiments religieux, il est plus urgent que jamais de réformer les lois sur le blasphème », a déclaré Polly Truscott.