Communiqué de presse

Pakistan. La justice rendue dans l’affaire du lynchage de Sialkot doit respecter les normes relatives aux droits humains

Amnesty International invite les autorités pakistanaises à veiller à ce que la justice dans l’affaire du cruel lynchage de Mughees et Muneeb Butt à Sialkot, en 2010, soit rendue sans recourir à la peine de mort, dans le cadre d’une procédure qui respecte les garanties prévues par le droit international.

En outre, elle les engage à veiller de toute urgence à ce que la famille Butt, qui affirme avoir reçu des menaces de la part des proches des hommes déclarés coupables du meurtre des deux frères, bénéficie d’une protection appropriée.

Le 21 septembre, un tribunal spécial pour la lutte contre le terrorisme de Gujranwala, dans la province du Pendjab, a condamné à mort sept des 22 accusés, les déclarant coupables de quatre chefs d’inculpation pour le meurtre sur la personne des deux adolescents.

Amnesty International a déjà dénoncé le fait que ce tribunal d’exception ne respecte pas les normes internationalement reconnues en matière de procédure légale.

Le Pakistan n’a procédé à aucune exécution depuis 2008, mais ses tribunaux continuent de prononcer des condamnations à la peine capitale. On estime qu’environ 8 000 prisonniers se trouvent dans le quartier des condamnés à mort au Pakistan.

Le tribunal a condamné six autres accusés à la réclusion à perpétuité pour quatre chefs d’inculpation et neuf policiers à des peines de trois ans d’emprisonnement. Un autre policier impliqué dans cette affaire serait mort d’une crise cardiaque trois jours avant le prononcé du jugement. Cinq autres hommes ont été acquittés des charges pesant sur eux en raison du manque de preuves.

La famille des deux frères a interjeté appel du jugement auprès de la haute cour de Lahore, faisant valoir que les six hommes condamnés à la réclusion à perpétuité et les cinq acquittés devaient tous être condamnés à mort.

Aux termes du droit pakistanais, tous les accusés déclarés coupables ont le droit de faire appel de leur condamnation devant la haute cour de Lahore, y compris ceux qui ont été condamnés à la sentence capitale. En outre, le président pakistanais a le pouvoir de gracier les condamnés à mort.

Le 15 août 2010, une foule en colère a battu à mort les adolescents Mughees, 17 ans, et Muneeb, 15 ans, à coup de crosses de hockey, de barres de fer et d’autres armes improvisées. La foule croyait qu’ils avaient tué un peu plus tôt Bilal Shaukat Ali, un laitier de 20 ans, et blessé le frère de celui-ci, Javed Shaukat Ali, 30 ans, lors d’un braquage.

Sur des vidéos filmées ce jour-là, on peut voir les deux frères se faire lyncher par la foule, en présence de plusieurs policiers. Après la diffusion de ces séquences à la télévision nationale, 11 policiers et 17 autres individus soupçonnés de participation au lynchage ont été arrêtés.

Garantir que toutes les personnes directement ou indirectement impliquées rendent des comptes, y compris les policiers, est indispensable au maintien de l’état de droit. Mais comme l’a souligné Amnesty International au mois d’août, les autorités pakistanaises doivent veiller à ce que justice soit rendue sans que la peine de mort ne soit requise.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort dans tous les cas et en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, la personnalité de son auteur ou la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine capitale viole le droit à la vie inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

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