Pérou. La condamnation d’Alberto Fujimori constitue un tournant dans la lutte pour la justice

Tournant essentiel dans la lutte contre l’impunité au Pérou, la condamnation de l’ancien président Alberto Fujimori montre que personne n’est dispensé de rendre compte de ses actes, a déclaré Amnesty International ce mardi 7 avril 2009.

« Justice a été rendue au Pérou, a affirmé Javier Zúñiga, qui a assisté au procès en tant qu’observateur pour Amnesty International. Nous vivons une journée historique. C’est exceptionnel qu’un ancien chef d’État soit condamné pour des atteintes aux droits humains telles que la torture, l’enlèvement et les disparitions forcées. Nous espérons que c’est le premier d’une longue série de procès, tant en Amérique latine que dans les autres régions du globe. »

« Il est désormais primordial que tous les auteurs présumés d’atteintes aux droits fondamentaux commises au Pérou, y compris celles perpétrées avant l’entrée en fonction du gouvernement d’Alberto Fujimori, soient traduits devant les tribunaux, a ajouté Javier Zúñiga. Les disparitions forcées, les actes de torture et les viols sont des crimes imprescriptibles lorsqu’ils sont commis à grande échelle, comme ce fut le cas au Pérou. »

Cette déclaration intervient dans le sillage du jugement rendu par la division des affaires pénales spéciales de la Cour suprême du Pérou à l’issue des investigations menées sur les affaires de Barrios Altos (15 hommes, femmes et enfants exécutés de manière extrajudiciaire en 1991), de La Cantuta (neuf étudiants et un enseignant d’université enlevés puis assassinés en 1992 par des membres du « Grupo Colina », groupe paramilitaire au sein de l’armée péruvienne) et des caves du Service du renseignement de l’Armée (où deux personnes avaient été séquestrées). À l’unanimité, les trois juges présidant le tribunal ont décidé que l’ancien président Alberto Fujimori portait la responsabilité pénale individuelle dans ces trois affaires puisqu’il assumait le commandement militaire des personnes ayant commis les crimes.

Complément d’information

Amnesty International a suivi de près le procès d’Alberto Fujimori grâce à des observateurs locaux et internationaux. Au début du procès, l’organisation a rencontré la division des affaires pénales spéciales, les procureurs, les avocats des requérants et l’avocat représentant l’accusé. Jusqu’ici, elle n’a reçu aucune information de l’une des parties au procès suggérant que la procédure avait manqué d’indépendance et d’impartialité.

En outre, Amnesty International a établi de manière indiscutable que, sous le gouvernement d’Alberto Fujimori, ont été commis de graves atteintes aux droits humains et des crimes bafouant le droit international – actes de torture, homicides et disparitions forcées notamment – qui, en raison de leur caractère généralisé et systématique, constituaient des crimes contre l’humanité. L’organisation a également relevé qu’avant 1990 les violations des droits fondamentaux revêtaient un caractère généralisé et systématique.

La défense comme l’accusation peuvent faire appel du jugement rendu ce mardi 7 avril 2009.

Une délégation d’Amnesty International composée du conseiller spécial Javier Zúñiga et du conseiller juridique Hugo Relva s’est rendue à Lima afin d’assister au prononcé du jugement clôturant le procès d’Alberto Fujimori.
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