« Le Centre El Nadeem prodigue les soins médicaux et psychologiques d’urgence dont ont besoin les victimes de torture et d’autres violences en Égypte. Il donne de l’espoir et du courage à des milliers de personnes – et adresse un signal fort contre le recours généralisé à la torture dans les centres de détention égyptiens. Avec notre Prix des droits humains 2018, nous souhaitons rendre public et soutenir cet engagement courageux dans un pays où l’usage de la violence par les forces de sécurité de l’État est quotidien », a déclaré Markus N. Beeko, secrétaire général d’Amnesty International Allemagne.
Depuis 25 ans, le Centre El Nadeem recense des cas de torture imputables aux forces de sécurité égyptiennes et gère la seule clinique spécialisée dans les soins aux victimes de torture et de violence dans le pays. Depuis 2016, les autorités mobilisent toute leur énergie pour entraver les activités du centre. La clinique a été fermée en février 2017. Cependant, malgré toutes ces mesures répressives, les médecins Aida Seif al Dawla, Suzan Fayad, Magda Adly et les membres du personnel du centre poursuivent leur travail avec courage.
Taher Mokhtar, médecin et militant des droits humains âgé de 33 ans, a reçu la récompense au nom du Centre El Nadeem. Craignant pour sa sécurité, il avait dû quitter l’Égypte en décembre 2016. « Même dans les heures les plus sombres, lorsque nous avions perdu tout espoir ou presque en Égypte, les militants du Centre El Nadeem étaient en première ligne. Leur patience et leur ténacité sont un exemple pour le mouvement des droits humains en Égypte », a déclaré Taher Mokhtar. « Au nom du Centre El Nadeem, je remercie Amnesty International pour cette importante distinction. Elle met en lumière notre travail en faveur des droits humains et rappelle le sort des victimes de torture en Égypte et dans le monde. »
Un discours élogieux a été prononcé par Salil Shetty, le secrétaire général d’Amnesty International. « Quiconque se mobilise pour la défense des droits humains en Égypte met sa liberté et sa sécurité en péril », a-t-il déclaré. « Ce qui rend la courageuse mobilisation des femmes du Centre El Nadeem et de son personnel d’autant plus admirable. Malgré toutes les mesures répressives mises en œuvre par le gouvernement, ils n’abandonnent pas les victimes de torture et veillent à ce que les crimes des forces de sécurité soient dévoilés. »
« Le gouvernement allemand doit résolument et publiquement demander au gouvernement égyptien de mettre un terme à la torture en Égypte, de punir les responsables de tels actes et de veiller à ce qu’Aida Seif al Dawla et son personnel puissent rouvrir la clinique sans délai, a déclaré Markus N. Beeko. Amnesty International espère que le gouvernement allemand se fera plus vigoureux dans sa critique du gouvernement d’Abdel Fattah al Sissi en ce qui concerne la répression et la persécution massives et persistantes de la société civile, lors de rencontres en tête à tête ou dans le cadre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU par exemple. Le développement futur des relations bilatérales entre l’Égypte et l’Allemagne doit être corrélé à une nette amélioration de la situation des droits humains. »
Les défenseures des droits humains Anikó Bakonyi (Hongrie) et Bertha Zúniga Cáceres (Honduras) ont également assisté à la cérémonie de remise de prix. Présentée par Katja Riemann, la soirée fut animée par les musiciens Fetsum et Damien Rice, et l’actrice Anne Tismer.
Tous les deux ans, Amnesty International Allemagne remet son Prix des droits humains à des personnes ou des organisations qui défendent les droits humains dans les conditions les plus difficiles. Il a pour objectif d’honorer leur engagement, de leur apporter un soutien et de sensibiliser le public à leurs activités. Il est soutenu par la fondation allemande des droits humains Stiftung Menschenrechte Förderstiftung Amnesty, qui appuie le travail d’Amnesty International. En 2018, ce prix est décerné pour la 9e fois. Parmi les lauréats précédents figurent : Henri Tiphagne (Inde), Alice Nkom (Cameroun), Abel Barrera (Mexique) et Eren Keskin (Turquie).