Un documentaire inédit qui aborde la question de la migration, des expulsions et de la discrimination à Hispaniola (île qui réunit Haïti et la République dominicaine) a reçu jeudi 27 septembre le prix des Droits humains d’Amnesty International lors de l’édition 2016 du trinidad+tobago film festival (ttff).
Ce film du réalisateur haïtien Jean Jean, intitulé Si Bondye vle, Yuli (Si Dieu le veut, Yuli), a été récompensé lors d’une cérémonie qui s’est tenue à Port of Spain.
Il raconte le combat de Yuli, une Haïtienne qui vit depuis plus de 35 ans en République dominicaine, pour régulariser sa situation et échapper à l’expulsion vers Haïti. En la suivant à chaque étape et dans chaque défi de la constitution de son dossier de régularisation, le documentaire montre la vulnérabilité des Haïtiens et de leurs descendants face à ce processus administratif complexe.
« Le prix des Droits humains d’Amnesty International a été attribué à Si Bondye vle, Yuli pour son analyse percutante des problèmes de droits humains en République dominicaine et en Haïti, notamment la discrimination envers les migrants haïtiens », a déclaré Chiara Sangiorgio, conseillère spécialisée à Amnesty International et membre du jury.
« L’histoire de cette femme forte, Yuli, met en lumière de manière crue et authentique le processus de régularisation en République dominicaine et la réalité effrayante des expulsions de milliers de personnes vers Haïti. Migration et discrimination sont deux des aspects les plus problématiques en matière de respect des droits humains dans la région. En récompensant ce documentaire, notre intention est de permettre à un large public de prendre conscience de la réalité de cette région du monde », a déclaré Folade Mutota, conseillère et lobbyiste en développement social, fondatrice du Women Institute for Alternative Development (WINAD) et membre du jury.
Les autres films en lice cette année étaient L’accompagnant de Pavel Giroud, où la question du traitement forcé des personnes infectées par le VIH à Cuba sert de toile de fond à une histoire d’amitié, et Antes Que Cante El Gallo (Avant que le coq chante) d’Ari Maniel Cruz, l’histoire du passage à l’âge adulte d’une adolescente de Porto Rico, qui aborde la problématique des droits des enfants par le prisme de la relation de la jeune fille avec son père, de retour après plusieurs années d’emprisonnement.
« Le cinéma reste un outil puissant, et plus ou moins nuancé, pour illustrer des problématiques liées aux droits humains. En ciblant précisément cette question, ce prix encourage les réalisateurs à sonder la dimension “droits humains” des histoires qui se déroulent sous leurs yeux », a déclaré Sunity Maharaj, directrice générale du Lloyd Best Institute of the West Indies et journaliste.
Le prix des Droits humains d’Amnesty International a été créé en 2014 dans le but d’offrir une visibilité aux cinéastes caribéens qui abordent le thème des droits humains.
Le jury était composé de : Sunity Maharaj, directrice générale du Lloyd Best Institute of the West Indies et journaliste, Folade Mutota, conseillère et lobbyiste en développement social, fondatrice du WINAD, et Chiara Sangiorgio, conseillère spécialisée à Amnesty International.
À propos du trinidad+tobago film festival
Créé en 2006, le ttff célèbre tous les ans les films traitant de thèmes propres à Trinité-et-Tobago et aux Caraïbes, et réalisés par des artistes locaux ou issus de la diaspora, tout en s’intéressant aux productions du cinéma mondial contemporain. Ce festival entend également favoriser l’expansion de l’industrie cinématographique caribéenne via des ateliers, des tables rondes et la mise en relation de différentes parties prenantes. Le ttff collabore avec Flow, opérateur régional de réseau câblé. Ses sponsors principaux sont bpTT et TTFC, avec le soutien de RBC Royal Bank, de The National Gas Company of Trinidad and Tobago Limited, du ministère des Arts et du Multiculturalisme, et de l’ambassade des États-Unis. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.ttfilmfestival.com.