Communiqué de presse

Quatre tonnes de sables pour que les dirigeants européens garantissent des politiques d’asile et de migration protectrices

La vie et les droits des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés sont menacés par les États membres de l’Union européenne (UE) et leurs politiques restrictives de contrôle des frontières, a déclaré Amnesty International ce 20 mars, lors d’une action devant les bureaux du Conseil européen de Bruxelles.

Des militants et des sympathisants ont déversé 4 tonnes de sable sur l’Espace de liberté (près du rond-point Schuman) afin de recréer une plage. Ils ont demandé aux dirigeants des États membres de sortir la tête du sable et de mettre fin à leurs pratiques et politiques déplorables en matière d’asile et de migration.

« Les États membres ne respectent pas leurs obligations européennes et internationales en ne protégeant pas les migrants et les demandeurs d’asile fuyant la pauvreté, les conflits et les violations des droits humains », a déclaré Nicolas Beger, directeur du bureau européen d’Amnesty International.

« Tandis que l’Europe érige ses barrières, de nombreuses personnes n’ont pas les moyens d’atteindre l’Europe de manière sécurisée ou légale. C’est pourquoi nous sommes devant le Sommet européen aujourd’hui, pour amener les chefs des gouvernements européens à réaliser l’impact qu’a leur politique de "lutte contre l’immigration irrégulière" sur la vie d’hommes, de femmes et d’enfants. »

Cette action à Bruxelles doit permettre de rappeler que, cinq mois après les naufrages de Lampedusa qui ont causé la mort de plus de 500 personnes, peu de mesures globales ou coordonnées ont été prises pour éviter que ces événements ne se reproduisent. Au lieu de cela, l’UE préfère les politiques de prévention aux mesures de protection, ce qui pousse un nombre grandissant de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile à emprunter des routes dangereuses pour tenter de forcer les barricades de la « forteresse Europe ».

Amnesty International a rencontré des personnes qui ont perdu leur famille en mer, qui ont été ramenées aux frontières, qui ont subi la violence et les mauvais traitements des gardes frontières et ont vécu des détentions prolongées dans des conditions misérables. D’autres ont été arrêtées et détenues dans des pays auxquels les membres de l’UE ont externalisé leurs politiques de contrôle des flux migratoires, pays qui ont souvent un mauvais bilan en matière de droits humains. Trop de gens connaissent des victimes qui ont perdu la vie en mer.

La difficulté d’être accueilli en Europe, même pour des raisons humanitaires, force nombre d’entre elles à emprunter des routes dangereuses, avec de graves conséquences pour ces personnes qui ont tout perdu. A la mi-février, les pays de l’UE n’avaient accueilli qu’environ 15 000 des réfugiés les plus vulnérables de Syrie, l’Allemagne étant le pays qui en a le plus recueilli. Pourtant, à la fin de l’année 2013, près de 80 000 de ces réfugiés avaient demandé l’asile en Europe. Et ce n’est qu’une infime partie des 2,5 millions de personnes qui ont fui un pays ravagé par la guerre.

Amnesty exhorte les gouvernements de l’UE à protéger les êtres humains avant les frontières grâce à trois mesures clés. Comme l’Italie l’a fait il y a quelques mois, les États membres peuvent assurer la mise en place de meilleures opérations de recherche et de secours afin d’éviter les noyades en mer. S’il existait des moyens sûrs et légaux pour entrer dans l’UE, les migrants n’auraient pas à emprunter des routes dangereuses. Enfin, les États membres de l’UE ne doivent pas autoriser les pays violant les droits humains à jouer le rôle de gardes frontières. Ils doivent révoquer les accords de coopération en matière d’immigration passés avec ces pays et mettre un terme à ces mesures de contrôle.

Le Sommet entre l’UE et l’Afrique, en avril prochain, sera l’occasion d’aborder ces pratiques d’externalisation. Les chefs des gouvernements européens pourront également s’atteler à cette question dans le cadre de la définition des priorités en matière d’Affaires intérieures pour les cinq prochaines années (le programme post-Stockholm).

« Les lignes directrices qui seront adoptées lors du Sommet de juin seront une opportunité unique pour les États membres de changer les politiques et les pratiques de l’UE en matière de migration et d’asile », a déclaré Nicolas Beger.

En vue des élections européennes, Amnesty demande aux candidats de s’engager à mieux protéger les droits des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés. De même, la Commission doit appliquer ce qu’elle préconise : la récente déclaration sur le programme post-Stockholm n’a pas permis de reconnaître l’urgente nécessité de changer l’approche de l’UE en matière d’immigration en passant de la prévention à la protection.

« Les pratiques des États membres en matière de migration et d’asile ont ridiculisé l’UE en tant qu’acteur des droits humains. L’année 2014 représente pour elle une grande opportunité de se racheter, de sauver des vies et d’enfin considérer les personnes avant les frontières », a déclaré Nicolas Beger.

Contexte :

La campagne SOS Europe d’Amnesty vise à mettre fin aux pratiques de migration et d’asile inefficaces, inhumaines et dangereuses aux frontières de l’Europe. Elle entend lutter contre cette tendance inquiétante et dangereuse des États membres de l’UE qui consiste à favoriser les politiques de prévention au lieu des mesures de protection.

Des militants et des sympathisants se sont retrouvés ce 20 mars à Bruxelles, devant le Sommet de l’UE, sur une plage reconstituée (grâce à 4 tonnes de sable et à un décor de plage de 7 mètres sur 4). Ils ont demandé aux dirigeants européens de mettre fin à leurs politiques et à leurs pratiques déplorables en matière de migration et d’asile. Cette action sera reprise par les autres bureaux d’Amnesty en Europe.

Amnesty demandera également aux candidats aux élections européennes de s’engager à placer les droits humains au cœur de leur action sur la migration et l’asile. Par ailleurs, entre les mois de mars et juin (veille du Sommet au cours duquel les dirigeants décideront de la stratégie en matière d’immigration pour les cinq années à venir), le public pourra participer activement à la campagne en envoyant une carte postale électronique aux dirigeants européens pour leur demander de considérer les êtres humains avant les frontières.

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