Alors que des représentants de l’Union européenne, de l’ONU et de nombreux autres pays se réuniront à Bruxelles pour la conférence sur le « soutien à apporter à l’avenir de la Syrie et de la région », des représentants d’Amnesty International ont remis au ministre des Affaires étrangères, par le biais de son conseiller, quelque 15 000 signatures récoltées en Belgique appelant les dirigeants mondiaux à prendre des mesures immédiates pour apporter justice, vérité et réparation aux victimes du conflit.
« Pour qu’une paix juste et durable puisse régner en Syrie, les dirigeants de la conférence de Bruxelles doivent veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes soit au cœur de leurs discussions. Les victimes et les personnes ayant survécu aux atrocités de masse commises lors de ce conflit ont le droit à la vérité, à la justice et à des réparations, a déclaré Iverna McGowan, directrice du bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes.
« Ce conflit fait rage depuis de trop nombreuses années, et les forces gouvernementales ainsi que les groupes armés agissent comme s’il n’y avait aucune ligne rouge. Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis lorsque des civils sont morts de faim dans des villes assiégées tandis que les convois humanitaires étaient bloqués sans pouvoir les atteindre, lorsque des civils ont été pris aveuglément pour cible dans leur maison par des attaques aériennes, et lorsque des centaines de milliers de prisonniers ont été torturés et victimes de disparition forcée. La communauté internationale a le devoir de garantir que les responsables rendent des comptes. »
L’ONU a envoyé un signal positif laissant espérer que les auteurs des crimes commis en Syrie ne resteront pas impunis : son Assemblée générale a adopté une résolution qui permettra d’instaurer un mécanisme d’enquête indépendant en Syrie. Le mécanisme aura la capacité de recueillir, conserver et analyser les preuves de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en Syrie, dans le but d’enquêter et d’engager des poursuites contre les responsables présumés. L’objectif de ce mécanisme est de traduire en justice toutes les personnes soupçonnées d’avoir perpétré des violations des droits humains ou des crimes de droit international. Ce mécanisme doit encore être financé avant de devenir opérationnel.
En adoptant également la compétence universelle, les pays du monde entier ont la capacité de poursuivre en justice les responsables de crimes de droit international, même si ceux-ci sont étrangers ou que le crime a été commis en dehors de leur territoire, notamment en cas de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de torture, de génocide, d’actes de terrorisme ou encore de disparitions forcées. De nombreux pays ont adopté la compétence universelle, et différents pays européens enquêtent sur des crimes de guerre commis en Syrie ou en Irak.