Nigéria : Répression des manifestations pro-Biafra

Il faut que les forces de sécurité fassent preuve de retenue lors des manifestations commémorant le 50e anniversaire de la fin de la guerre du Biafra, le 30 mai, et évitent de provoquer un bain de sang par une intervention brutale comme l’an dernier, où elles avaient abattu plus de 60 personnes, a déclaré Amnesty International mardi 30 mai 2017.

« L’an dernier, l’intervention brutale contre les militants en faveur de l’indépendance du Biafra avait ravivé les tensions dans le sud-est du Nigeria. L’irresponsabilité dont font preuve les forces de sécurité lorsqu’elles tentent de contenir la foule pendant les rassemblements de ce type a entraîné la mort de plus de 150 personnes depuis août 2015, sans parler des cas de disparition forcée et de détention illégale, a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.

« Nous exhortons les services de sécurité nigérians à ne pas recourir à la force pour maintenir l’ordre public. »

L’an dernier, pendant les célébrations pacifiques organisées en souvenir de la guerre du Biafra, des militaires avaient tiré sur la population dans plusieurs lieux d’Onitsha (État d’Anambra). À l’issue de ses recherches, Amnesty International a conclu qu’au moins 60 exécutions extrajudiciaires avaient eu lieu et que 70 personnes avaient été blessées en l’espace de deux jours, sachant que ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité.

« Malgré les éléments accablants qui prouvent que les forces de sécurité nigérianes ont tiré à balles réelles et pratiquement sans sommation pour disperser les rassemblements pro-Biafra, faisant au moins 150 victimes, aucune personne soupçonnée de porter une responsabilité pénale dans cette affaire n’a été traduite en justice », a déclaré Osai Ojigho.

L’absence d’obligation de rendre des comptes pour des violations flagrantes commises par les forces de sécurité a été constatée dans d’autres régions du Nigeria, notamment dans le nord-est, où des opérations sont menées contre Boko Haram.

« Amnesty International n’a cessé d’appeler l’État nigérian à diligenter des enquêtes indépendantes sur les allégations faisant état de crimes de droit international. Le président Buhari a promis de le faire à plusieurs reprises mais on ne constate aucune avancée », a déclaré Osai Ojigho.

En novembre 2016, Amnesty International a indiqué que les violences constatées lors des manifestations pro-Biafra semblaient être en grande partie imputables au déploiement de nombreux militaires, ceux-ci n’ayant pas de formation spécifique en matière de maintien de l’ordre. En effet, ce type de mission incombe à la police, dont les agents doivent être suffisamment formés et correctement équipés pour pouvoir contenir la foule sans faire usage de la force meurtrière.

Arrestations récentes de manifestants pacifiques pro-Biafra

Les forces de sécurité ont commencé à réprimer des groupes pro-Biafra avant même la date anniversaire. Le 22 mai 2017, plus de 100 membres du Mouvement pour l’État souverain du Biafra (MASSOB) et du Mouvement indépendant du Biafra (BIM) ont été arrêtés dans les États d’Enugu, d’Ebonyi et de Cross River pendant des célébrations en lien avec l’événement.

« Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques ou exercé leurs droits aux libertés d’expression ou de réunion pacifique », a déclaré Osai Ojigho.

Dans un rapport publié en novembre 2016, Amnesty International a révélé que les forces de sécurité avaient tué au moins 150 manifestants pacifiques pro-Biafra entre août 2015 et août 2016.

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