Communiqué de presse

Répression de l’opposition au Bangladesh. Il faut enquêter sur les homicides et libérer les citoyens arrêtés

Les autorités bangladaises doivent enquêter sur les homicides de manifestants et libérer les prisonniers, notamment un éminent journaliste et un dirigeant de l’opposition, arrêtés cette semaine dans le cadre d’une répression manifeste contre le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), a déclaré Amnesty International.

Deux personnes auraient été tuées dans la soirée du mercredi 7 janvier au cours d’affrontements qui ont opposé les policiers aux partisans du BNP dans le district de Noakhali, dans le sud du pays. Au moins six personnes ont été tuées dans le cadre des manifestations depuis lundi 5 janvier.

« Le gouvernement du Bangladesh doit mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie et indépendante sur ces homicides et traduire en justice les responsables présumés de ces actes », a déclaré Abbas Faiz, chercheur sur le Bangladesh pour Amnesty International.

Ces violences au Bangladesh surviennent un an après l’élection controversée du 5 janvier 2014 qui a porté au pouvoir le gouvernement actuel de la Ligue Awami, dirigé par Sheikh Hasina.

L’opposition avait boycotté les urnes. À l’occasion du premier anniversaire de ce scrutin, la présidente du BNP, Khaleda Zia, a invité ses partisans à descendre dans les rues et à mettre en place un blocus des transports.

Selon certaines informations, la police empêche Khaleda Zia de quitter les locaux du BNP à Dacca, depuis le 5 janvier.

En début de semaine, la police a également arrêté Abdus Salam, directeur de la chaîne de télévision Ekushey TV, et Mirza Fakhrul Islam Alamgir, secrétaire général par intérim du BNP. Plusieurs militants du parti ont également été interpellés.

Divers éléments indiquent que les charges retenues contre Abdus Salam et Mirza Fakhrul Islam Alamgir ont un caractère politique.

Abdus Salam a été interpellé mardi 6 janvier, quelques heures après que la chaîne Ekushey TV a diffusé une déclaration du fils de Khaleda Zia, Tarique Rahman. Il a été inculpé au titre de la Loi sur la pornographie, à la suite d’une plainte déposée au mois de novembre dernier par une femme qui a déclaré que sa réputation avait été salie par un programme sur la prostitution.

Un tribunal a ensuite interdit à la chaîne de diffuser les déclarations de Tarique Rahman, qui a choisi de vivre en exil au Royaume-Uni. Selon des médias locaux, Ekushey TV risque également d’être poursuivie pour avoir diffusé ses propos.

Le secrétaire général par intérim du BNP, Mirza Fakhrul Islam Alamgir, a lui aussi été interpellé cette semaine, après avoir participé à un rassemblement organisé par son parti.

Selon un responsable de la police, il était soupçonné d’être impliqué dans des incendies volontaires contre des bus qu’auraient perpétrés des sympathisants du BNP.

Cependant, il n’existe aucun élément prouvant que Mirza Fakhrul Islam Alamgir a prôné la violence ou a commis des actes violents.

« Ces arrestations sont une violation des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique », a déclaré Abbas Faiz.

« Les autorités bangladaises doivent montrer leur détermination à faire respecter le droit international relatif aux droits humains en veillant à ce que personne ne soit arbitrairement détenu, harcelé ni intimidé pour avoir exercé ses droits humains. »

Complément d’information

Amnesty International a fréquemment pointé du doigt le rétrécissement de l’espace dédié à la liberté d’expression au Bangladesh. Les rédacteurs des journaux et des chaînes de télévision font l’objet de fortes pressions pour ne pas publier ni diffuser les opinions des détracteurs du gouvernement.

À l’occasion de l’anniversaire du scrutin de 2014, la police a annoncé que toute manifestation était interdite, dans le but de prévenir les heurts entre partisans du gouvernement et de l’opposition.

Malgré cette interdiction, des affrontements ont eu lieu entre partisans et opposants du BNP. Plusieurs bus et voitures ont été endommagés ou incendiés à Dacca et dans d’autres villes au cours des derniers jours. Les partisans de l’opposition sont accusés d’être responsables de ces attaques.

En 2014, plus de 100 personnes ont été tuées durant les manifestations de l’opposition, parfois après que la police eut ouvert le feu. Aucun de ces homicides ne semble avoir fait l’objet de véritables enquêtes ni de poursuites.

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