République du Congo, Des partisans de l’opposition détenus depuis plus de trois mois doivent être libérés

Congo Brazaville

Amnesty International demande aux autorités congolaises de libérer immédiatement et sans condition cinq partisans de l’opposition incarcérés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. L’un d’entre eux a déjà passé quatre mois derrière les barreaux.

Parfait Mabiala, partisan du mouvement d’opposition Incarner l’espoir, est incarcéré depuis son arrestation le 23 novembre 2019 à Pointe-Noire. Trois autres opposants, Franck Donald Saboukoulou Loubaki, Guil Miangué Ossebi et Meldry Rolf Dissavoulou ont été arrêtés un peu plus tard, entre le 13 et le 17 décembre 2019 à Brazzaville. Celeste Nlemvo Makela, militant du mouvement citoyen Ras-Le-Bol, a été interpellé le 22 décembre 2019. Amnesty International demande leur libération immédiate et inconditionnelle.

« Dans un pays où les autorités se targuent de promouvoir les droits humains et nient l’existence de prisonniers politiques et de prisonniers d’opinion, ce à quoi nous assistons depuis quelques années et ce que nous constatons aujourd’hui atteste d’une politique de détention des partisans de l’opposition, des défenseurs des droits humains et des militants. À n’en pas douter, les autorités durcissent l’offensive contre les voix dissidentes, a déclaré Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

Ces partisans de l’opposition sont inculpés d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État. Amnesty International estime qu’ils sont incarcérés uniquement parce qu’ils sont membres de mouvements qui se montrent critiques à l’égard de la situation des droits humains et de l’état de droit au Congo.

« Ces arrestations à caractère politique sont d’autant plus inquiétantes que plusieurs candidats de l’opposition, défenseurs des droits humains et militants arrêtés de manière arbitraire depuis les élections de 2016 sont toujours en prison. Les autorités congolaises tentent de nouveau d’employer le harcèlement et les poursuites judiciaires comme moyens de faire taire l’opposition. Elles doivent abandonner toutes les charges retenues contre ces détenus et les libérer immédiatement et sans condition. »

Ces partisans de l’opposition sont inculpés d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État. Amnesty International estime qu’ils sont incarcérés uniquement parce qu’ils sont membres de mouvements qui se montrent critiques à l’égard de la situation des droits humains et de l’état de droit au Congo. Il s’agit d’une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, que le Congo a ratifiés.

Arrêtés sur la base de rumeurs concernant une manifestation programmée, ces militants ont été interrogés sur leurs liens avec les leaders d’Incarner l’espoir, de Ras-le-Bol et d’autres mouvements. Incarner l’espoir est dirigé par un opposant politique installé en France, qui s’est officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2021.

Celeste Nlemvo Makela, militant de Ras-le-Bol, est inculpé d’« incitation à troubler l’ordre public » au titre de la Loi du 21 août 2006 sur les partis politiques, alors qu’il n’est membre d’aucun parti. Le 3 mars 2020, un autre membre de Ras-le-Bol, Hallel Bouesse, a été interpellé à l’aéroport international de Maya-Maya, à Brazzaville, alors qu’il était sur le point d’embarquer pour Dakar. Il a été conduit à la Direction Générale de Surveillance du Territoire afin d’être interrogé sur ses liens avec Incarner l’espoir et une organisation congolaise de défense des droits humains, avant d’être relâché dans la soirée.

Depuis quelques années, les autorités congolaises harcèlent et poursuivent en justice leurs opposants pour les réduire au silence. Les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, ainsi que le droit à l’accès à l’information sont menacés au Congo, où des syndicalistes, des opposants politiques, des membres de la société civile, des journalistes et des avocats sont régulièrement harcelés et pris pour cibles uniquement parce qu’ils font leur travail.

Jean-Marie Michel Mokoko, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, a été condamné en 2018 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre ».

Malgré la déclaration publique du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire qui a conclu que la détention de Jean-Marie Michel Mokoko était arbitraire et a demandé sa libération immédiate, il se trouve toujours derrière les barreaux, tout comme d’autres militants et candidats de l’opposition. C’est le cas d’André Okombi Salissa, lui aussi sous le coup d’une détention jugée arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies.

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