Que reste-t-il de la révolte au Bahreïn ?

Cinq ans après la vague de manifestations en faveur d’une réforme en profondeur qui a ébranlé Bahreïn, les espoirs d’avancées en matière de droits humains et d’obligation de rendre des comptes pour les violations passées et présentes s’estompent, a déclaré Amnesty International.

Le mouvement de contestation qui a débuté le 14 février 2011 s’est heurté à la violence des forces de sécurité, qui ont blessé et tué des manifestants. D’autres sont morts en détention après avoir été torturés.

« Cinq ans après le soulèvement, la torture, les détentions arbitraires et la répression généralisée contre les militants pacifiques et les détracteurs du gouvernement se poursuivent. Aujourd’hui à Bahreïn, quiconque ose critiquer les autorités – défenseur des droits humains ou militant politique – risque d’être sanctionné, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités ont promis de sanctionner les membres des forces de sécurité ayant bafoué les droits humains en 2011, mais les Bahreïnites attendent toujours que justice soit rendue. Les institutions mises sur pied pour protéger les droits fondamentaux ne mènent pas d’enquêtes indépendantes, n’amènent pas les responsables à rendre des comptes, et semblent de plus en plus servir à dissimuler les violations persistantes. »

Des militants politiques, des défenseurs des droits humains, des enseignants et des médecins comptaient parmi les personnes arrêtées pour avoir organisé ou participé aux manifestations de 2011, ou pour avoir dénoncé les violences. Nombre d’entre eux sont toujours derrière les barreaux. Plusieurs purgent des condamnations à la réclusion à perpétuité, parfois sur la base d’« aveux » qui leur auraient été extorqués sous la torture. Contraste saisissant, l’immense majorité des violations n’a pas donné lieu à des poursuites.

Les rares membres des forces de sécurité poursuivis pour avoir bafoué les droit humains, dont ceux qui ont abattu des manifestants, ont été acquittés pour « légitime défense » ou condamnés à des peines symboliques ne reflétant pas la gravité de leurs actes.

« En ne soumettant pas les membres des forces de sécurité responsables des violations commises en 2011 à l’obligation de répondre de leurs actes, les autorités laissent à penser que la torture et le recours abusif et arbitraire à la force ne seront pas punis. Elles doivent maîtriser leurs forces de sécurité et affirmer sans équivoque que les violations ne seront pas tolérées et que les responsables présumés seront traduits en justice », a déclaré James Lynch.

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